Dans cette séquelle du film catastrophe le plus délirant de tous les temps, une navette spatiale touristique part pour la Lune…
AIRPLANE II : THE SEQUEL
1982 – USA
Réalisé par Ken Finkleman
Avec Robert Hays, Julie Hagerty, Lloyd Bridges, Chad Everett, Peter Graves, Rip Torn, William Shatner, Laurene Landon, Sonny Bono, Chuck Connors
THEMA CATASTROPHES I SPACE OPERA
Reprenons les mêmes et recommençons ! Tel semble avoir été le mot d’ordre du studio Paramount, suite au succès inespéré de Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Tout le monde se retrouve donc dans cette séquelle… Tout le monde sauf les principaux intéressés, c’est-à-dire David Zucker, Jim Abrahams et Jerry Zucker. Scénaristes et réalisateurs du premier opus, les trois gais lurons n’étaient pas opposés au principe d’une séquelle et commencèrent même à développer quelques idées. Mais finalement le studio décida de se passer de leurs services et convoqua l’auteur et metteur en scène canadien Ken Finkleman pour les remplacer. Ce dernier, coutumier du fait, avait déjà fait office de « remplaçant » pour Paramount un peu plus tôt la même année. À l’occasion de Grease 2, il s’était en effet substitué aux principaux artisans du succès colossal de la comédie musicale avec John Travolta et Olivia Newton-John, autrement dit le réalisateur Randal Kleiser et le scénariste Bronte Woodard. Ce changement de direction entraîne quelques désistements, le moindre n’étant pas celui de l’immense Leslie Nielsen. Préférant jouer la carte de la fidélité, il tient la vedette de la délirante série Police Squad de Zucker, Abrahams et Zucker, son personnage de médecin pince sans rire étant donc remplacé par un docteur qu’incarne John Vernon. Robert Stack aussi passe son tour, mécontent de découvrir un scénario qui, selon lui, se contente de plagier celui du premier Airplane. Mais les autres acteurs clés de Y a-t-il un pilote dans l’avion ? sont de retour.
Jouant ouvertement la carte de la science-fiction pour mieux se conformer à la vogue du space opera amorcée par La Guerre des étoiles, Y a-t-il enfin un pilote dans l’avion s’intéresse à Mayflower One, la première navette spatiale destinée au grand public. Celle-ci s’apprête à décoller en direction de la lune, pilotée par l’indéboulonnable commandant Over (Peter Graves). Échappé d’un hôpital psychiatrique après avoir été mis en cause dans une catastrophe aérienne, Ted Stryker (Robert Hays) se joint au voyage. Il y retrouve l’hôtesse Elaine (Julie Hagerty) qui l’a quitté pour un autre membre d’équipage, Simon (Chad Everett). Mais cette croisière spatiale tourne mal. L’un des passagers transporte en effet une bombe. Quant à l’ordinateur de bord, il donne d’inquiétants signes de rébellion. Bientôt, la navette part à la dérive vers le soleil. Elle finira par atterrir en catastrophe sur la base Alpha-Beta de la lune, dirigée par le psychotique commandant Murdock (William Shatner).
Cosmos 1982
Pour qui n’est pas au courant des coulisses du film, il semble difficile à priori d’imaginer que le trio ZAZ n’est pas aux commandes de Y a-t-il enfin un pilote dans l’avion ? Cette séquelle ressemble en effet énormément à son modèle… Un peu trop même. Si ce n’est la transposition de l’intrigue dans le futur et dans l’espace, qui apporte un considérable potentiel de références cinématographiques, les personnages, les situations et les gags sont minutieusement calqués sur le film précédent. L’effet de surprise et la spontanéité se sont fatalement effacés, et la subtilité n’est pas vraiment au rendez-vous. Cependant, les élèves ont parfaitement assimilé la leçon des maîtres et le délire ne faillit pas. De Star Trek à Mission impossible en passant par Cosmos 1999, 2001 l’odyssée de l’espace, L’Âge de cristal, L’Invasion des profanateurs de sépultures ou Godzilla, ce second opus passe à la moulinette un nombre incalculable de films et de séries, mêlant les clichés du film catastrophe à ceux de la science-fiction en un joyeux maelstrom de clins d’œil. Le générique lui-même reprend sans sourciller le thème principal de Galactica composé par Stu Philips. Logiquement désavoué par Zucker, Abrahams et Zucker, Airplane II sait nous dérider en jouant vertigineusement la double carte du déjà-vu, en se référant à la fois aux films parodiés et au premier Airplane. Mais le public ne sera que partiellement conquis. Les résultats au box-office s’avérant décevants, le Airplane III qu’annonçait déjà un générique de fin très optimiste ne sera donc jamais produit. Ken Finkleman disparaîtra finalement des radars hollywoodiens, les ZAZ continuant pour leur part à agiter les zygomatiques des spectateurs avec Top Secret, le diptyque Hot Shots et la trilogie Naked Gun.
© Gilles Penso
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