Le réalisateur de Cyborg met en scène le kickboxer Olivier Gruner dans le rôle d’un policier du futur parti à la chasse aux robots récalcitrants
Il est des réalisateurs qui aiment décliner et enrichir les mêmes thématiques d’un film à l’autre. Albert Pyun, lui, s’est spécialisé dans la série B de science-fiction mâtinée d’action. Ses préférences : des aventures futuristes musclées avec des robots et, en guise d’acteur principal, un ancien champion de kickboxing devenu comédien. Ainsi, après Cyborg avec Jean-Claude Van Damme, le voilà qui récidive en commettant Nemesis, qui met cette fois-ci en vedette Olivier Gruner. Nous sommes à Los Angeles dans le futur. La recherche cybernétique a tant évolué qu’il est désormais possible de réparer toutes les blessures en remplaçant les organes ou les membres abîmés par des implants robotiques. C’est une énorme avancée technologique, mais le revers de la médaille est l’accroissement d’une population de cyborgs de plus en plus intelligents et de plus en plus puissants. Lorsque certains d’entre eux décident de renverser le règne des humains pour s’établir à leur place, il est grand temps d’agir. C’est là qu’intervient Olivier Gruner, alias Alex, un policier humain dont le corps possède lui-même de nombreuses parties mécaniques. Sa mission : affronter les androïdes qui ont comme intention de prendre le pouvoir de la planète et les empêcher de nuire.
Pyun croit dur comme fer à son sujet, trop heureux de porter à l’écran des éléments de la littérature cyberpunk qu’il affectionne tant et dont l’écran ne s’est alors pas encore montré très friand. Si le sujet de Nemesis évoque beaucoup Blade Runner, son traitement se rapproche bien plus de Terminator, qui demeure sa principale source d’inspiration. Le cinéaste ne se gêne d’ailleurs pas pour solliciter le sentiment de déjà vu, quitte à utiliser des lieux de tournage déjà vus dans Terminator 2 et Robocop. Pourtant, lorsqu’on lui demande sa source d’inspiration principale, Pyun aurait plutôt tendance à citer Fill Metal Jacket. Généreux et décomplexé, Nemesis compense la relative pauvreté de son intrigue et de ses péripéties par une belle surenchère de cascades, de combats et d’explosions, signature d’un réalisateur décomplexé qui offrit aux amateurs de cinéma bis des films tels que L’Épée sauvage, Captain America version 1990 ou Dollman.
Déjà-vu
Fidèlement calqué sur celui du premier Terminator, le climax de Nemesis montre notre vaillant héros face à un cyborg interprété par Tim Thomerson qui se débarrasse de son enveloppe charnelle après une explosion pour révéler son squelette robotique. D’où un inévitable sentiment de déjà-vu. Pour augmenter encore les ressemblances avec son modèle, la production sollicite pour cette séquence la même compagnie d’effets visuels (Fantasy II Film Effects), le même superviseur (Gene Warren Jr) et le même animateur (Peter Kleinow). Ici, la stop-motion est beaucoup plus présente que dans le final de Terminator, étant donné que le réalisateur n’a pas à sa disposition une version mécanique du robot aussi détaillée que celle créée par Stan Winston pour James Cameron. Il ne peut utiliser qu’une fausse tête un peu rigide qui n’intervient que très furtivement. Kleinow anime donc une quarantaine de plans très dynamiques. A la fin du combat, Gruner s’arrache tout bonnement le bras et le robot, qui s’y était agrippé, tombe dans le vide. « C’est une grande séquence d’animation », nous raconte Peter Kleinow, « mais je ne suis pas satisfait à 100% du résultat. Et le film lui-même est assez épouvantable ! On a tout le temps envie d’appuyer sur la touche avance rapide pendant qu’on le voit ! » (1) Nemesis sera suivi par trois séquelles sans saveur produites directement pour la vidéo.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 1999
© Gilles Penso
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