Humilié par ses camarades, le jeune élève d’une académie militaire convoque un démon par l’entremise de son ordinateur…
EVILSPEAK
1981 – USA
Réalisé par Eric Weston
Avec Clint Howard, R.G. Armstrong, Joseph Cortese, Claude Earl Jones, Don Stark, Charles Tyner, Hamilton Camp
THEMA DIABLE ET DÉMONS
Même s’il évoque beaucoup Carrie à travers son personnage principal (un jeune homme réservé devenu souffre-douleur de tout son entourage scolaire) et sa structure narrative (qui s’achève sur une vengeance explosive et sanglante), Messe noire regorge d’originalité et de surprises. Dès le prologue, ce souci d’inventivité est affiché : après une messe noire médiévale au bord d’une plage, une tête est tranchée d’un coup d’épée, et se raccorde en plein vol avec un ballon de foot au cours d’un match d’école ! Mais c’est surtout dans sa volonté de mêler l’usage de l’informatique et le satanisme que le premier long-métrage d’Eric Weston se distingue, un cocktail dans lequel se mêlent allègrement un soupçon d’antimilitarisme, une pincée d’anticléricalisme et un refus manifeste du manichéisme. À la fois réalisateur, producteur et scénariste de cette œuvre étrange budgétée à un million de dollars, le futur metteur en scène du drame Marvin & Tige (avec John Cassavetes et Billy Dee Williams) et du film de guerre Le Triangle de fer (avec Beau Bridges et Johnny Hallyday !) tourne Messe noire en trois semaines, principalement à Santa Barbara.
Le film commence donc en plein moyen-âge, un moine et ses disciples étant sacrifiés pour avoir osé pratiquer la magie noire, le tout aux accents d’une bande originale ténébreuse de Roger Kellaway qui puise largement son inspiration dans celle de La Malédiction. Puis nous voilà transportés quatre-cents ans dans le futur, dans les années 80 donc. Stanley Coppersmith (Clint Howard, le frère cadet de Ron Howard) est le souffre-douleur de ses camarades de chambrée, dans une école militaire qui lui réserve son lot d’humiliations et de déconvenues. Le jeune homme taciturne encaisse patiemment les coups-bas, mais la vengeance sera largement à la hauteur. Car l’esprit maléfique invoqué pendant le prologue du film vient hanter son ordinateur puis son esprit. Carrie, La Malédiction et L’Exorciste semblent donc s’être donnés rendez-vous dans cette œuvre patchwork annonçant aussi les thématiques qui seront développés – beaucoup plus sagement – dans WarGames et Electric Dreams. À sa manière, Messe noire est donc dans l’air du temps, mais il tire son originalité du brassage de thèmes d’horreur et de science-fiction qui, jusqu’alors, n’avaient pas vraiment eu l’occasion de cohabiter.
Des scènes cochonnes
Même si l’usage de l’ordinateur s’avère assez évasif (comment peut-il posséder autant d’informations alors que Coppersmith n’y entre qu’un nombre limité de données ?), son intervention high-tech, opposée aux pratiques antiques de la sorcellerie médiévale, offre un intéressant décalage. La première vraie scène choc du film intervient assez tardivement, au moment où une fille est attaquée sous sa douche, non par Norman Bates mais par une meute de grands cochons noirs affamés ! La violence paroxystique attend les dernières minutes du film pour éclater : un prêtre est trépané par un clou échappé d’une statue de Jésus, le héros apparaît en lévitation armé d’un sabre, les têtes sont tranchées avec force jets de sang, les cœurs sont arrachés à main nue, et les grands cochons noirs se mêlent à cette joyeuse orgie. On remarquera au passage la grande qualité des maquillages gore, œuvre de Allan Apone, qui allait ensuite participer aux effets spéciaux de Meurtres en 3D, Le Retour des morts-vivants et la série Twin Peaks.
© Gilles Penso
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