LES FEMMES DE STEPFORD (1975)

Une fable de science-fiction féministe dans laquelle les femmes d’une petite ville américaine se transforment en ménagères soumises…

THE STEPFORD WIVES

 

1975 – USA

 

Réalisé par Bryan Forbes

 

Avec Katharine Ross, Paula Prentiss, Peter Masterson, Nanette Newman, Tina Louise, Carol Eve Rossen, William Prince

 

THEMA ROBOTS

Le romancier Ira Levin passa à la postérité lorsque Roman Polanski adapta son effrayant « Rosemary’s Baby » en 1968. Sept ans plus tard, un autre récit de l’écrivain est porté à l’écran par le scénariste William Goldman et le cinéaste Bryan Forbes. Et si les deux hommes semblent avoir vécu une pénible relation conflictuelle tout au long de l’élaboration des Femmes de Stepford, le film n’en souffre pas outre mesure, exhalant toutes les obsessions paranoïaques de l’auteur. Photographe dilettante, Joanna est mariée à Walter, un brillant avocat. Un beau jour, ils quittent la vie trépidante de New York avec leur enfant pour partir s’installer dans le petit village de Stepford, dans le Connecticut. Là, l’existence est paisible et tout le monde se connaît. Les hommes se réunissent sous forme de clubs aux occupations variées et anecdotiques. Quant aux femmes, elles semblent toutes béates d’assumer leur rôle de ménagères soumises et attentionnées, leur discussion se limitant principalement aux recettes de cuisines et aux produits ménagers. Et pourtant, à Stepford se tenait jadis un club féministe comportant une bonne cinquantaine de membres…

Lorsqu’une des nouvelles venues au village, professeur de tennis sculpturale et émancipée, se mue brusquement à son tour en ménagère docile troquant sa tenue de sport contre une robe d’intérieur et faisant détruire son court de tennis pour que son mari possède la piscine chauffée de ses rêves, Joanna et son amie Bobby décident de mener l’enquête. Soucieuses de comprendre le comportement étrange des femmes de Stepford, elles se mettent à imaginer que les hommes ont mêlé à l’eau de la ville une forte dose de tranquillisant. Mais les analyses d’un ami chimiste évacuent cette théorie. Et puis Bobby se métamorphose à son tour. Sombrant dans un état paranoïaque, Joanna décide de consulter une psychiatre, à qui elle confie : « si j’ai tort, c’est que je suis folle. Et si j’ai raison c’est encore pire ! »

Intelligemment dérangeant

Le fin mot de l’histoire nous plonge dans un coup de théâtre digne des meilleurs épisodes de La Quatrième dimension, que ne vient guère tempérer un épilogue terriblement cynique. Les Femmes de Stepford est donc avant tout un film féministe dans lequel l’angoisse s’immisce lentement, craquelant peu à peu le vernis d’une vie de banlieue paisible qui semble faire écho aux publicités caricaturales des années cinquante. Nous étions alors au cœur des mouvements féministes les plus virulents. Les MLF s’organisaient, les soutiens gorges brûlaient en signe de protestation, et le film aurait dû résonner fortement dans un tel contexte. Pourtant Les Femmes de Stepford ne connut qu’un accueil des plus timorés. Il faudra attendre quelques années pour que l’œuvre finisse par acquérir un véritable statut de classique, le public et la critique saluant enfin à son juste titre un scénario intelligemment dérangeant ainsi que la belle performance de Katarine Ross dont le rôle était à l’origine prévu pour Diane Keaton. Or on a beau apprécier l’actrice fétiche de Woody Allen, il faut bien reconnaître que nous n’y avons pas perdu au change, l’ex-star du Lauréat portant une grande partie du film sur ses épaules.

 

© Gilles Penso

 

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