Un footballer américain meurt avant un match décisif et se rend compte que les autorités célestes l’ont convoqué trop tôt…
HEAVEN CAN WAIT
1978 – USA
Réalisé par Warren Beatty et Buck Henry
Avec Warren Beatty, Julie Christie, James Mason, Jack Warden, Charles Grodin, Dyan Cannon, Hamilton Camp
THEMA MORT
Malgré son titre, ce Ciel peut attendre n’est pas le remake du film homonyme d’Ernst Lubitsch mais l’adaptation de la pièce « Heaven Can Wait » d’Harry Segall, déjà adaptée au cinéma en 1941 sous le titre Le Défunt récalcitrant. Il s’agit donc d’une nouvelle digression humoristique sur le sort d’un homme entre les mains des autorités célestes. Épaulé par Buck Henry (scénariste du chef d’œuvre de Mike Nichols Le Lauréat), Warren Beatty fait ici ses débuts derrière la caméra et envisageait à l’origine de donner la vedette du film à Mohamed Ali, dans la mesure où le personnage principal était à l’origine un boxeur, comme dans Le Défunt récalcitrant. Ali n’ayant pas pu se libérer, Beatty endosse lui-même le rôle principal et transforme son héros en footballer américain. La star de Bonnie and Clyde interprète donc Joe Pendleton, quaterback de l’équipe des Los Angeles Rams. Alors qu’il se prépare à un match décisif pour la finale du Superbowl, le jeune homme meurt dans un accident de vélo sous un tunnel. Le voilà donc conduit au Paradis, sur une piste d’atterrissage enfumée et immaculée où trône un Concorde à la présence joyeusement surréaliste.
Là, les « autorités » constatent avec un embarras non dissimulé que Pendleton arrive plus tôt que prévu… et le renvoient illico sur Terre dans le corps d’un autre homme, celui de Leo Farnsworth. Ce magnat des affaires, qui venait d’être assassiné par sa femme et son amant, reprend donc vie et se lance dans une nouvelle existence. Il tombe amoureux de Betty Logan (Julie Christie), la porte-parole d’un mouvement écologique qui vient s’opposer à la construction d’une de ses usines, et décide de poursuivre son entraînement pour le Superbowl. Pour y participer, le businessman n’hésite pas à s’acheter l’équipe toute entière. Ainsi, comme Lubitsch, Warren Beatty utilise le genre fantastique comme vecteur d’une comédie subtile, dont le principe consiste ici à mettre le héros dans la peau d’un autre et donc de le plonger dans des situations imprévisibles.
Un homme peut en cacher un autre
En s’octroyant un triple rôle – qui est en fait toujours le même personnage mais dans trois corps différents – Beatty semble vouloir démontrer que les apparences ne sont pas fiables, qu’un homme peut en cacher un autre. Car la grande idée du film est de toujours montrer au spectateur le visage de Beatty, quelle que soit l’enveloppe charnelle qu’il occupe. L’acteur-réalisateur est ici fort bien entouré, car le casting se pare non seulement de Julie Christie – qui illumine le film de sa gracieuse présence – mais aussi des excellents Charles Grodin, Jack Warden et James Mason. Ce dernier, dans le rôle de l’autorité céleste supérieure, bénéficie de dialogues particulièrement savoureux, comme lorsqu’il affirme avec aplomb : « les probabilités pour qu’un individu ait raison augmentent proportionnellement à l’intensité avec laquelle les autres tentent de lui prouver qu’il a tort. ». La partition enjouée de Dave Grusin et la photographie soignée de William Fraker participent également à la réussite de cet habile divertissement, qui exhale la bonne humeur avec une efficacité imparable. Le grand public ne s’y trompa pas, réservant au film un accueil triomphal.
© Gilles Penso
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