GODZILLA 2000 (1999)

Après son « écart » américain orchestré par Roland Emmerich, Godzilla renaît de ses cendres au Japon pour inaugurer le 21ème siècle

GOJIRA NI-SEN MIRENIAMU

 

1999 – JAPON

 

Réalisé par Takao Okawara

 

Avec Takehiro Murata, Hiroshi Abe, Naomi Nishida, Mayu Suzuki, Shirô Sano

 

THEMA DINOSAURES I EXTRA-TERRESTRES I SAGA GODZILLA

C’est avec Godzilla 2000 que le plus grand des dinosaures radioactifs fait son entrée dans le 21ème siècle, inaugurant une nouvelle ère baptisée « Millennium » (avec deux N). Repassé sous le giron japonais après la « trahison » américaine de Roland Emmerich, le monstre surgit initialement en ne révélant que partiellement son anatomie impressionnante. Son œil immense terrorise un gardien de phare (dans une scène qui semble vouloir rendre hommage au Monstre des temps perdus), sa queue tentaculaire balaie une gargote avec la force d’un ouragan, sa silhouette titanesque se découpe dans le ciel nocturne, ses pattes énormes se fraient un chemin dans un tunnel… L’influence de Jurassic Park est assez manifeste. Son aspect a un peu changé, même s’il conserve les lignes principales de la créature originale. Sa mâchoire immense, garnie d’une infinité de dents acérées, ressemble à celle d’un crocodile monstrueux, son corps est très massif, sa tête large, ses plaques dorsales proéminentes, et le nouveau look de son rayon, qui irradie d’abord ses écailles puis surgit de sa gueule sous forme d’un flux lumineux aveuglant, s’avère particulièrement réussi.

Entretemps, l’équipage d’un submersible futuriste explore une forêt de volcans sous-marins puis supervise l’extraction d’un énorme bloc minéral qui semble dater de la préhistoire. Suivant un schéma assez classique, les militaires préconisent de détruire cette matière inconnue tandis que les scientifiques préfèreraient la préserver pour l’étudier. Or la roche se dresse soudain à la verticale au milieu de l’océan, le temps d’une belle séquence surréaliste digne de Abyss, puis s’envole, comme animée d’une vie propre, et se plante sur le rivage près de la ville. Les citoyens ne sont pas au bout de leurs surprises, puisqu’une soucoupe volante s’extrait de la roche inconnue et se pose sur le toit d’un building qui finit pulvérisé.

« Pourquoi nous protège-t-il alors que nous essayons toujours de le détruire ? »

Curieusement, Godzilla 2000 semble ainsi faire écho au cinéma de Roland Emmerich, clignant de l’œil non seulement vers son Godzilla (qui fut pourtant largement boudé par le public japonais) mais aussi vers Independence Day, ce que confirment ces séquences de destructions en pleine ville occasionnées par le massif vaisseau spatial. L’affrontement entre Godzilla et la machine extraterrestre est inévitable, mais il prend une tournure inattendue lorsque le vaisseau se transforme en créature biomécanique. Des tentacules poussent hors de sa carapace, lui donnant les allures d’une monstrueuse méduse, jusqu’à la phase finale de sa mutation. L’adversaire de Godzilla ressemble alors à un reptile géant redoutable équipé d’énormes mains griffues. Très ambitieux, le film mélange sans cesse les techniques d’effets spéciaux « à l’ancienne » (hommes costumés, maquettes, pyrotechnie miniature) avec des trucages numériques à grande échelle. Le mélange ne fonctionne pas toujours (certaines images de synthèse sont ratées, quelques plans composites peinent à convaincre) mais la saga entre ainsi officiellement dans un nouveau millénaire en s’efforçant de combiner la modernité et la tradition. Godzilla 2000 surprend surtout par la portée apocalyptique de son climax, au cours duquel le dinosaure surgit du chaos, vainqueur d’un pugilat qui faillit réduire la cité en cendres. Et tandis qu’un des protagonistes demande « pourquoi nous protège-t-il alors que nous essayons toujours de le détruire ? », la réponse de son interlocuteur sonne comme une citation biblique : « peut-être parce qu’il est en chacun de nous. »

 

© Gilles Penso

 

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