Le premier crossover des monstres de l’écurie Universal oppose deux créatures mythiques au cœur d’un village imaginaire
FRANKENSTEIN MEETS THE WOLF MAN
1943 – USA
Réalisé par Roy William Neill
Avec Lon Chaney Jr, Ilona Massey, Bela Lugosi, Lionel Atwill, Patrick Knowles, Maria Ouspenkaya, Don Barclay
THEMA FRANKENSTEIN I LOUPS-GAROUS I SAGA UNIVERSAL MONSTERS
A la fois suite du Loup-garou de George Waggner et du Spectre de Frankenstein d’Erle C. Kenton, cette première rencontre des monstres de l’Universal pose un sérieux problème de casting, car Lon Chaney Jr doit jouer Larry Talbot, l’homme-loup, rôle qui l’a rendu célèbre trois ans plus tôt. Or c’est également lui qui interprétait le monstre de Frankenstein dans Le Spectre de Frankenstein. Qui allait bien pouvoir le remplacer sous le crâne plat et les électrodes ? Ironie du sort, c’est Bela Lugosi qui reprend le rôle, alors qu’il l’avait refusé douze ans plus tôt à l’époque du premier Frankenstein de James Whale. Ce choix n’est pas illogique, dans la mesure où Lugosi jouait le rôle d’Ygor dans le film précédent, et que le cerveau de son personnage habite désormais le corps du monstre. En revanche, rien n’explique que la créature soit à nouveau muette et qu’aucune allusion ne soit faite à la cécité qui la frappait à la fin du Spectre de Frankenstein, même si Lugosi évolue dans le film comme un somnambule, les bras tendus et le regard vide. Certaines séquences furent tournées pour assurer un lien plus étroit entre le film précédent et celui-ci, mais elles furent coupées au montage.
Frankenstein rencontre le loup-garou rachète les gigantesques aberrations de son scénario, signé Curt Siodmak, par une qualité esthétique indiscutable. Malencontreusement ressuscité par deux pilleurs de tombe au début du film, suivant un prétexte narratif des plus évasifs, Larry Talbot s’évade de l’hôpital dans lequel on le soignait après qu’il eut été retrouvé inconscient un lendemain de pleine lune. Il retrouve Maleva (Maria Ouspenkaya), une Bohémienne, mère de l’homme-loup qui mordit autrefois Talbot et le contamina (et que jouait… Bela Lugosi). La première partie du film, qui nous conte cette quête désespérée, s’avère assez convaincante. En revanche, dès que Talbot, accompagné par Maleva, se retrouve dans le village helvétique de Vasaria où vécut Frankenstein, la crédibilité s’effondre. Le monstre, malgré le maquillage de Jack Pierce, est assez pitoyable sous les traits bouffis de Lugosi, d’autant que son rôle est des plus schématiques. Pour couronner le tout, il est découvert prisonnier de la glace, alors qu’il succomba dans les flammes lors du film précédent !
La guerre des monstres
L’homme-loup obtient d’Elsa Frankenstein (Ilona Massey), fille du baron, la révélation de la cachette en laquelle Frankenstein tenait ses notes secrètes. Un médecin, Mannering (Patric Knowles), accepte de guérir Larry Talbot et de détruire le monstre de Frankenstein, mais en dernier ressort il leur rend à tous deux des forces décuplées. Tandis que les deux monstres s’affrontent, les villageois font sauter un barrage tout proche et inondent le château (une très jolie maquette qui finira sous un torrent d’eau déchaînée, sous la supervision de l’as des effets spéciaux John P. Fulton). Dans certaines scènes d’action musclées, Bela Lugosi et Lon Chaney Jr sont doublés par les cascadeurs Eddie Parker et Gil Perkins, méticuleusement maquillés par Jack Pierce. Le résultat sera suffisamment convaincant pour que le studio confie le rôle du monstre à un autre cascadeur, en l’occurrence Glenn Strange, dans le film suivant de la série, La Maison de Frankenstein.
© Gilles Penso
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