DEADPOOL 2 (2018)

Le succès impensable du premier opus ne pouvait rester sans suite, quitte à surenchérir dans le registre de l’auto-satisfaction

DEADPOOL 2

 

2018 – USA

 

Réalisé par David Leitch

 

Avec Ryan Reynolds, Josh Brolin, Morena Baccarin, Julian Dennison, Zazie Beetz, Morena Baccarin

 

THEMA SUPER-HÉROS I SAGA MARVEL

Deadpool était déjà un joli coup d’esbroufe dissimulant sous sa fausse subversion une recette aux Ingrédients savamment dosés. Le principe ? Faire croire au public qu’on est son complice pour le mettre dans sa poche. Ce procédé bien connu porte un nom : démagogie. Et le succès confirma le fort potentiel rémunérateur d’une telle démarche. D’où une séquelle qui reprend logiquement les mêmes ingrédients en continuant d’imposer de force son statut de « film culte » (désormais, ce n’est plus le public qui décide mais le studio qui impose). Face à Deadpool 2, difficile de ne pas avoir l’impression d’ingurgiter un plat réchauffé. Le film s’inscrit dans le même univers que les X-Men, pas particulièrement pour rendre hommage aux comics originaux ou à la série de films initiée par Bryan Singer, mais surtout parce que c’est le même studio qui détient la franchise. D’où des clins d’œil appuyés à Logan, dernier film de la saga sorti à l’époque. Mais Logan se déroulait dans le futur, et non Deadpool 2. Faut-il y voir un paradoxe temporel ? Même pas. Ici, on ne se réfère pas aux événements qui se déroulent dans le film de James Mangold mais au film lui-même. Nous voilà plongés dans le règne du cinéma éphémère et autoréférentiel qui se regarde le nombril en commentant les succès du moment. D’ailleurs, s’agit-il encore de cinéma ? N’avons-nous pas plutôt affaire à une sorte de vidéo Youtube à 110 millions de dollars ?

Le scénario tourne paresseusement autour d’un adolescent mutant (Julian Dennison) que Deadpool veut sauver des griffes de Câble (Josh Brolin), un redoutable soldat cyborg venu du futur qui semble être gentiment décalqué sur le T-800 de Terminator. Son look, sa capacité à voyager dans le temps, les scènes situées dans sa chambre d’hôtel génèrent un inévitable sentiment de déjà-vu. La référence est assumée avec la réutilisation de l’effet sonore du fusil rechargé de Terminator 2. Lorsque deux personnages phares – et fort impressionnants – bien connus des amateurs de comics s’apprêtent à s’affronter avec perte et fracas, quelques espoirs sont enfin permis. La lutte entre le massif Colossus et le titanesque Fléau saura-t-elle trouver le souffle épique qu’elle mérite ? Hélas, le pugilat tourne très rapidement à la bouffonnerie truffée de gags grotesques.

« Ego-trip » vertigineux

Soyons honnêtes : tout n’est pas à jeter dans Deadpool 2. Son générique qui parodie James Bond arrache quelques sourires, l’équipe de mutants déglinguée que Deadpool engage pour créer la X-Force est plutôt drôle, la poursuite avec le fourgon blindé vaut son pesant de rebondissements spectaculaires et les super-pouvoirs du personnage de Domino sont pour le moins originaux (ils semblent renvoyer à une boutade de Stan Lee qui déclara à plusieurs reprises vouloir « la chance » comme super-pouvoir). Le réalisateur David Leitch parvient à construire quelques honnêtes séquences de suspense et même deux ou trois passages touchants (au premier degré, pour une fois) entre Wade Wilson et sa petite amie. Hélas, tout est noyé dans un océan d’autosatisfaction, l’« ego-trip » de Ryan Reynolds prenant des proportions vertigineuses au moment du post-générique.

 

© Gilles Penso

 

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