WHAT WE BECOME (2016)

Dans une petite ville tranquille du Danemark, une soudaine épidémie transforme la population en zombies assoiffés de sang

SORGENFRI

 

2016 – Danemark

 

Réalisé par Bo Mikkelsen

 

Avec Troels Lyby, Mille Dinesen, Mikael Birkkjaer, Marie Hammer Boda, Benjamin Engell, Therese Damsgaard, Diana Axelsen

 

THEMA ZOMBIES

Le Danemark n’est pas un territoire connu pour sa production de films fantastiques. Certes, il y eut bien quelques exceptions au fil des ans, ainsi que les œuvres de Lars Von Trier et Nicolas Winding Refn flirtant souvent avec le genre qui nous est cher, mais ces tentatives restent isolées. Voici sans doute pourquoi What We Become a beaucoup fait couler d’encre au moment de sa mise en chantier. Dans la foulée d’autres films d’horreur issus des pays du froid et annonçant une émergence prometteuse de cinéastes nordiques attachés au fantastique, le réalisateur Bo Mikkelsen s’est ainsi lancé dans un des sous-genres les plus codifiés qui soient : le film de zombies. L’intrigue se situe dans la petite ville tranquille de Sorgenfi, qui donne son nom au titre original du film. La famille Johansson y passe un été idyllique jusqu’au jour où une épidémie de grippe virulente sème la mort dans le quartier. Les autorités décident aussitôt de délimiter un périmètre de sécurité, puis cèdent à la panique en imposant une mise en quarantaine drastique à tous les habitants du voisinage. Isolé du reste du monde, le jeune Gustav se rend vite compte que la situation est devenue incontrôlable. Il parvient à s’échapper, laissant les autres membres de sa famille à la merci d’une foule déchaînée et assoiffée de sang…

On pourra bien sûr reprocher à What We Become de s’inscrire trop respectueusement dans le sillon de ses prédécesseurs au point d’évacuer une grande partie de l’effet de surprise. La plupart des « lieux communs » sont ainsi convoqués, de la mise en quarantaine de la ville à l’isolation des principaux protagonistes dans une maison barricadée, en passant par les mécanismes habituels de contamination et même la figure emblématique de la petite fille infectée s’en prenant à ses parents. L’originalité n’est donc pas à chercher du côté des situations, mais plutôt des personnages. C’est là que Bo Mikkelsen réussit à nous surprendre. Sa mise en scène naturaliste et le portrait crédible qu’il dresse d’une famille de la middle-class danoise n’ont pas les atours classiques d’un film d’horreur. Lorsque le fantastique surgit, la collision entre le monde réel et celui des monstres n’en est que plus forte.

La lente montée de l’horreur

« Dans la plupart des films de zombies, les créatures surgissent au bout de deux minutes puis saturent l’écran », explique le réalisateur. « Je ne souhaitais pas adopter la même mécanique. Il me semblait plus intéressant de les évoquer, d’en parler, de les entendre, mais de ne les montrer que tardivement pour faire monter progressivement la tension. C’était presque un jeu de cache-cache entre les zombies et les humains. » (1) Malgré l’inévitable sentiment de déjà vu véhiculé par l’intrigue, la plupart des protagonistes demeurent attachants, même lorsqu’ils révèlent des failles et des faiblesses finalement très humaines qui les poussent à faire des choix catastrophiques, voire à se muer en monstres eux-mêmes. Le titre pourrait ainsi s’appliquer autant aux infectés qu’aux survivants. Personne ne peut sortir indemne d’un tel drame. C’est ce que George Romero clamait déjà en 1968, et c’est ce que Bo Mikkelsen continue à nous raconter près de cinquante ans plus tard.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2016

 

© Gilles Penso

 

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