TOURIST TRAP – LE PIÈGE (1979)

Quatre jeunes gens tombent entre les griffes d’un psychopathe qui transforme ses victimes en statues de cire…

TOURIST TRAP

 

1979 – USA

 

Réalisé par David Schmoeller

 

Avec Chuck Connors, Jocelyn Jones, Jon Van Ness, Robin Sherwood, Tanya Roberts, Dawn Jeffory, Keith McDermott

 

THEMA TUEURS I POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA CHARLES BAND

En 1978, La Nuit des masques de John Carpenter provoque un véritable raz de marée qui remet au goût du jour le thème du tueur psychopathe et donne officiellement ses lettres de noblesse au « slasher ». Au lieu de suivre cette voie toute tracée comme nombre de leurs confrères, le producteur Charles Band et son réalisateur David Schmoeller se lancent avec Tourist Trap dans une sorte d’univers alternatif, quelque part à mi-chemin entre L’Homme au masque de cire, Massacre à la tronçonneuse et Psychose. De fait, même si les composantes habituelles du film d’horreur post-Halloween semblent bien présentes, c’est pour mieux voler en éclat quelques minutes plus tard. Halloween et Tourist Trap furent d’ailleurs tournés simultanément. Charles Band et John Carpenter étant amis depuis leur travail commun sur Last Foxtrot in Burbank, ils visitèrent leurs plateaux de tournage respectifs, mais il semble qu’aucun n’ait influencé l’autre et que chacun des deux films ait suivi sa propre voie. Un climat d’étrangeté perturbant s’installe dès la musique du générique de Tourist Trap composée par Pino Donaggio, dont les motifs enfantins déséquilibrés annoncent les futurs travaux de Richard Band sur la saga Puppet Master. Saisissante, la scène d’introduction met en scène un automobiliste à la recherche d’une aide secourable dans une vieille station-service apparemment abandonnée. Soudain, le voilà enfermé dans une pièce où tous les objets, meubles et éléments de décoration se mettent à bouger seuls, comme mus par une vie propre. Raisonnablement paniqué, le malheureux finit transpercé par un tuyau. De toute évidence, nous ne sommes pas ici en présence d’un simple émule de Michael Myers…

Les protagonistes qui prennent le relais obéissent certes aux archétypes de rigueur. Ils sont jeunes, beaux, insouciants. Parmi les membres de ce quatuor, on reconnaît Tanya Roberts, alors en tout début de carrière. Dans un minishort exagérément serré et une chemise nouée qui dissimulent très peu sa sculpturale anatomie, la future star de Dar l’invincible, Sheena reine de la jungle et Dangereusement vôtre crève déjà l’écran. Tandis que le garçon du groupe essaie de réparer la voiture capricieuse qui vient de tomber en panne, ses trois compagnes partent se baigner nues dans la cascade voisine. Bientôt, Monsieur Slausen (Chuck Connors), un autochtone aux allures de cowboy, vient à leur rencontre et leur propose de les héberger pour la nuit, dans sa maison qui fut jadis un musée de cire. Mais il leur déconseille de sortir, et notamment d’aller dans la maison d’en face. Celle-ci est habitée par son frère Davy, un sculpteur spécialisé dans les figures de cire. Cette interdiction nous ramène aux codes du conte de fées, notamment « Barbe-Bleue ». Bien sûr, l’une des filles brave la mise en garde et part dans la maison voisine, en quête d’un téléphone. Elle y est attaquée par des mannequins qui semblent vivants et meurt étranglée par un foulard. Lorsqu’une de ses amies part à sa recherche, c’est pour tomber entre les griffes d’un tueur caché derrière des masques dont le mode opératoire est pour le moins atypique : il capture ses victimes et les transforme en mannequins de cire…

Triste cire

Cette mécanique meurtrière inédite nous donne droit à une scène très éprouvante au cours de laquelle ce croquemitaine masqué recouvre progressivement de plâtre le visage d’une de ses captives, laquelle suffoque puis hurle jusqu’à rendre son dernier souffle. Non content de se positionner en émule du Vincent Price de L’Homme au masque de cire, notre tueur est également doté de pouvoirs télékinétiques qui lui permettent de donner vie à son macabre cabinet de victimes pétrifiées. Sous la direction très inspirée du futur réalisateur de Puppet Master, Tourist Trap joue sans cesse avec les faux semblants, les illusions et l’imperceptibilité de la frontière entre le réel et l’irréel. Les mannequins suivent les héros du regard, des voix humaines accompagnent leurs mouvements, bref le vrai et le faux ne cessent de s’interpénétrer. David Schmoeller mélange d’ailleurs des mimes maquillés et de vrais mannequins en plastique pour mieux brouiller les cartes. Cauchemardesque, le climax du film nous fait entrer de plain-pied dans la folie, seule échappatoire à ce voyage au bout de l’horreur. Grand succès en vidéo au début des années 80, Tourist Trap inspirera largement le scénario de La Maison de cire que Jaume Collet-Serra réalisera vingt-six ans plus tard.

 

© Gilles Penso

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