Robert Rodriguez s’intéresse au jeune public pour qui il concocte un délirant James Bond en culottes courtes
SPY KIDS
2001 – USA
Réalisé par Robert Rodriguez
Avec Antonio Banderas, Carla Gugino, Alexa Vega, Daryl Sabara, Alan Cumming, Tony Shalhoub, Teri Hatcher, Cheech Marin
THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA SPY KIDS
Après le western urbain (El Mariachi, Desperado), le film d’horreur mixé au film de gangsters (Une Nuit en enfer) et la science-fiction pour ados (The Faculty), Robert Rodriguez change de registre et rajeunit considérablement son public avec ce luxueux Spy Kids budgétisé à 35 millions de dollars. « C’est une comédie familiale », nous annonçait-il avec un regard brillant deux ans avant l’entrée en production du film. « J’ai pensé à mes enfants en l’écrivant. C’est différent de tout ce que j’ai fait auparavant, mais il y a aussi des points communs : l’imagination, le rythme, le divertissement… C’est le genre de film que j’ai toujours voulu faire. » (1) Exit donc la violence, le sexe et le rock’n roll, ici ce sont les têtes blondes qui sont visées. Mais comme Rodriguez est un féru d’action, il truffe son film d’effets spéciaux, de castagnes et d’explosions habituellement réservés aux adultes. On pourrait donc qualifier Spy Kids de film pour enfants new age, soucieux de ne rien envier, côté spectaculaire, à ses modèles James Bond et Mission Impossible.
Le scénario du film, filiforme, n’est qu’un prétexte visiblement assumé comme tel. Carmen et Juni Cortez (Alexa Vega et Daryl Sabara) sont des enfants comme les autres, qui n’aiment pas spécialement l’école et trouvent leurs parents sympas mais un peu ennuyeux. Sauf qu’en réalité, ces derniers (incarnés par les très glamour Antonio Banderas et Carla Gugino) sont des agents secrets qui ont abandonné l’espionnage il y a dix ans pour élever leurs enfants. Mais lorsque plusieurs de leurs anciens collègues disparaissent mystérieusement, ils décident de reprendre du service et tombent dans un piège tendu par l’excentrique Fegan Floop (Alan Cumming), vedette d’émissions pour enfants et inventeur fou. Pour les sauver, il n’y a qu’une seule solution : Carmen et Juni vont devoir prendre la relève.
Les inventions folles de Fegan Floop
L’aspect science-fictionnel de l’intrigue est constamment mis en avant, avec des gadgets inspirés de ceux de 007, notamment une voiture amphibie façon L’Espion qui m’aimait, un mini-submersible à la On ne vit que deux fois, des réacteurs dorsaux comme dans Opération tonnerre et un petit avion à réaction qui rappelle celui d’Octopussy. Le film se pare également de créatures diverses, fruit des expériences de Floop : des centaines d’enfants robots aux pouvoirs surhumains, des androïdes dont les membres et la tête sont d’énormes pouces ou encore des mutants clownesques. A l’influence bondienne, il faut ajouter celle de Charlie et la chocolaterie chez qui Rodriguez semble avoir emprunté le décor coloré et enfantin de Fegan Floop, sorte de Pee Wee Herman survolté. Au détour d’un casting hétéroclite, on retrouve Teri Hatcher (ex-James Bond Girl dans Demain ne meurt jamais), Robert Patrick (ex-T-1000 de Terminator 2) et même George Clooney le temps d’une apparition express sur un moniteur vidéo. Une fois de plus, Robert Rodriguez cumule ici les casquettes de réalisateur, scénariste, producteur, monteur et compositeur. Comme l’action ne faiblit pas et que les effets spéciaux sont des plus inventifs, Spy Kids remplit son objectif purement distractif, même si le public adulte a de fortes chances de trouver tout ça terriblement creux. Qu’importe, ce n’est pas lui qui est visé.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1999
© Gilles Penso
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