Richard Donner adapte Michael Crichton et transporte une équipe de scientifiques en plein moyen-âge
TIMELINE
2003 – USA
Réalisé par Richard Donner
Avec Paul Walker, Frances O’Connor, Gerard Butler, Billy Connolly, David Thewlis, Anna Friel, Lambert Wilson, Neal McDonough
THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS
« Par l’auteur du best-seller Jurassic Park et le réalisateur de L’Arme fatale ». L’argument publicitaire de Prisonniers du temps était imparable, mais à l’écran l’alchimie ne prend pas vraiment. Le roman de Michael Crichton qui a inspiré le film recyclait bon nombre de mécanismes narratifs de son œuvre passée, notamment Mondwest et Jurassic Park. Mais il se tirait d’affaire par un don indiscutable pour créer des scènes d’action inédites, un talent certain dans l’art de ménager le suspense, et surtout une connaissance quasi-encyclopédique sur l’époque médiévale. A ce titre, soucieux de bousculer les idées reçues, il déclarait au sein du récit : « en réalité, la conception du Moyen Âge comme une époque brutale est une invention de la Renaissance dont les chantres ne ménageaient pas leurs efforts pour faire valoir un nouvel esprit, fût-ce au détriment des faits. » On imagine donc la somme de recherches historiques et scientifiques que l’écrivain effectua avant de se mettre à écrire, recherches dont on ne trouve hélas qu’un pâle reflet dans le film de Richard Donner.
Le récit nous familiarise avec ITC, l’une de ces multinationales imaginaires chères à Crichton, exploitant les découvertes scientifiques les plus révolutionnaires pour en tirer un maximum de profit. Sponsor des fouilles archéologiques du professeur Johnston sur le site de Castlegard en Dordogne, ITC a mis au point une machine capable d’ouvrir des portails temporels. Testant l’invention, Johnston se retrouve propulsé en l’an 1357, au beau milieu d’une guerre médiévale franco-anglaise. Pour le ramener vivant à son époque, il n’y a qu’une solution : envoyer à sa recherche une équipe de secours constituée d’étudiants spécialisés dans le moyen âge et chapeautée par un agent de sécurité rompu à diverses formes de combats.
Un spectacle médiéval de fête foraine
Prisonniers du temps souffre beaucoup de l’extrême fadeur de son casting. L’idée de ne recourir à aucune tête d’affiche n’est pas mauvaise en soi, et elle avait fait ses preuves dans Alien. Mais il aurait fallu choisir des comédiens charismatiques, ce qui n’est guère le cas ici. Même David Thewlis, excellent dans Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, joue en demi-mesure, composant sans le moindre panache un émule de Bill Gates autrement plus coloré dans le roman de Crichton. Richard Donner, quant à lui, assure le service minimum, livrant là une mise en scène propre et efficace mais sans le moindre sens de l’épopée. Du coup les nombreux combats qui scandent le film semblent presque issus d’un spectacle médiéval de fête foraine, tant ils manquent de violence, de suspense et de surprise. Et face à la partition peu inspirée de Brian Tyler, on ne peut que pleurer la disparition prématurée du grand Michael Kamen, qui collabora souvent avec le cinéaste. Reste un assaut de château final plutôt bien troussé, faisant office de climax explosif, et quelques paradoxes temporels intéressants liés à la modification du cours de l’histoire par nos héros. Mais tout ceci est bien en deçà du fort potentiel d’un récit initial dense, présentant quelques similitudes avec le palpitant « Jésus Vidéo » écrit par Andreas Eschbach.
© Gilles Penso
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