Le cauchemar d’une famille brisée après le déclenchement de la troisième guerre mondiale et de l’holocauste nucléaire…
TESTAMENT
1983 – USA
Réalisé par Lynne Littmann
Avec Jane Alexander, Rossie Hamis, William Devane, Roxana Zal, Lukas Haas, Lilia Skala, Philip Anglim, Leon Ames, Kevin Costner
THEMA CATASTROPHE
En 1983, l’Amérique s’inquiétait sérieusement de la politique de réarmement de Ronald Reagan et des tensions avec la Russie, pas vraiment atténuées depuis le début de la Guerre Froide. Pour exorciser ce malaise, les petits écrans diffusèrent la mini-série La Troisième Guerre Mondiale de Boris Sagal et David Greene et le téléfilm Le Jour d’après de Nicholas Meyer. Sorti la même année que ces deux œuvres bien peu rassurantes, Le Dernier testament raconte une histoire sensiblement similaire, mais l’approche et le point de vue de Lynne Littman font toute la différence. S’appuyant sur la nouvelle « The Last Testament » de Carol Amen, la réalisatrice ne s’intéresse ni à l’aspect catastrophe du récit, ni à sa dimension politique-fiction, mais principalement à son approche humaine. Le fait que le film soit dédié à sa famille n’est sans doute pas innocent. Ici, pas de présentation d’une dizaine de protagonistes en montage parallèle, et encore moins de scènes d’état-major, de préparatifs militaires et de réunions de politiciens.
Nos protagonistes sont les membres d’une famille tranquille qui vit dans la petite ville d’Hamlin, en Californie. Un jour, un flash spécial interrompt brusquement les programmes à la télé. A peine a-t-on le temps d’annoncer l’attaque nucléaire subie par New York qu’une lueur jaune et aveuglante illumine tout. Bientôt, il faut se rendre à l’évidence : les bombes ont éclaté. Qui a déclenché la guerre ? Personne ne le sait, et là n’est pas la préoccupation des habitants. Pour l’heure, on se rassemble dans l’église, on attend les maris absents, on commence à se rationner, on se serre les coudes. Puis les morts commencent à se multiplier, suite à l’inévitable propagation des radiations. Les bancs de l’église sont de plus en plus clairsemés, les détritus jonchent le sol, le pillage commence à se répandre. Lorsque, outrage ultime, les enfants se mettent à mourir lentement, comme s’éteignent des bougies, tout espoir semble perdu…
« Soyez maudits ! »
Le Dernier testament est avant tout un drame réaliste, narré à travers le regard de Carol Weatherly (Jane Alexander), une mère de famille qui s’efforce de rester à la hauteur malgré l’horreur s’insinuant tranquillement dans son quotidien. Austère, triste et pudique, le film refuse tout recours au spectaculaire mais ne se prive pas d’images fortes, comme ces dizaines de cadavres enveloppés dans des suaires improvisés qu’on jette dans un grand brasier, faute de place dans le cimetière, tandis que Carol tombe genoux à terre, hurlant « Qui a fait ça ? Soyez maudits ! » L’angoisse latente qui baigne le film n’est pas sans évoquer celle du Dernier rivage de Stanley Kramer. Marquant les premières années de carrière de Kevin Costner (dans le rôle d’un père pleurant la perte de son bébé), du jeune Lukas Haas (futur héros de Witness) et du compositeur James Horner (dont la partition mélancolique s’accorde à la sobriété de la réalisation), Le Dernier testament sait bouleverser ses spectateurs sans jamais forcer sur les effets, tandis que des extraits de films de famille en super 8 s’insèrent dans le montage, comme autant de souvenirs rendant plus insupportable encore ce présent endeuillé.
© Gilles Penso
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