LA MAISON DE L’EXORCISME (1973)

Pour profiter de la vogue de L’Exorciste, le producteur Alfredo Leone remanie de fond en comble un film de Mario Bava passé inaperçu

LA CASA DELL’ESORCISMO

 

1973 – ITALIE

 

Réalisé par Mario Bava et Alfredo Leone

 

Avec Telly Savalas, Elke Sommer, Sylvia Koscina, Gabriele Tinti, Alida Valli, Alessio Orano, Kathy Leone, Eduardo Fajardo

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

En 1973, Mario Bava et son producteur Alfredo Leone présentèrent à Cannes Lisa et le diable, un film d’épouvante à l’intrigue passablement confuse mêlant en vrac le diable, la réincarnation, la sorcellerie, un tueur psychopathe, de la nécrophilie et des morts-vivants. Si l’œuvre eut un bel impact et connut un certain succès d’estime, elle ne parvint pourtant pas à trouver de distributeur. Pas démonté pour autant, Leone décida de profiter du succès colossal de L’Exorciste pour surfer sur la vague de la possession démoniaque. Il remania donc Lisa et le diable, y adjoignant cinquante minutes de nouvelles séquences calquées fidèlement sur le chef d’œuvre de William Friedkin qu’il dirigea avec un Bava peu consentant. Si le scénario du film original était confus, celui du nouveau montage, opportunément titré La Maison de l’exorcisme, s’avère carrément incompréhensible, collectionnant les séquences d’épouvante sans véritable respect de la continuité ou de la logique.

La belle Elke Sommer y incarne Lisa Reiner, une touriste en vacances à Tolède qui, après avoir contemplé une fresque représentant le diable, est soudain prise de convulsions avant d’être hospitalisée d’urgence. Venu à son chevet, un prêtre reconnaît là toutes les caractéristiques d’une possession, et décide de pratiquer un exorcisme. Entre deux crises, Lisa se souvient avoir été l’hôte d’une étrange villa en compagnie d’un couple et de leur chauffeur. Les maîtres des lieux sont une vieille comtesse acariâtre (Alida Valli) et son fils Maximilien (Alessio Orano). Là sévit également Leandro (Telly Savalas, reprenant le célèbre gimmick de la sucette de Kojak), un majordome qui s’avèrera être rien moins que le diable en personne. Bientôt, les invités meurent les uns après les autres de bien mystérieuse manière, tandis que Maximilien déclare sa flamme à Lisa qui a de plus en plus de mal à discerner le rêve de la réalité… tout comme le spectateur, lequel doit faire un effort surhumain pour s’efforcer de suivre cette intrigue surréaliste et décousue.

Le diable tire les ficelles

Le film développe malgré tout quelques belles idées, notamment la métaphore du diable qui manipule les gens sous forme de marionnettes. Dans les nouvelles séquences d’exorcisme, Elke Sommer s’enlaidit, crache des blasphèmes et des jurons orduriers, vomit sans cesse et se tortille en des acrobaties inhumaines, tandis que Leone et Bava accumulent les scènes peu ragoûtantes, en particulier les grenouilles que Lisa crache au milieu de son vomi, ou le squelette qui apparaît soudain et projette des serpents sur le malheureux prêtre. Ce dernier porte sur ses épaules le poids d’un traumatisme lié à l’accident de voiture qui coûta la vie à sa femme. Ce qui nous vaut une séquence érotique au cours de laquelle la défunte réapparaît, nue comme un ver, et tente le brave homme en se déhanchant lascivement dans la chambre d’hôpital. Elke Sommer elle aussi a droit à son strip-tease au cours des flash-backs situés dans la villa. Peu fier de ce film bâtard, Mario Bava ne le signa pas et cessa là sa collaboration avec Alfredo Leone. Mais il faut bien reconnaître que ce dernier eut du flair, car en l’état La Maison de l’exorcisme connut un certain succès.

 

© Gilles Penso

 

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