Le propriétaire d’un fast-food londonien décide de créer de nouveaux sandwiches à base de viande humaine…
K-SHOP
2016 – GB
Réalisé par Dan Pringle
Avec Ziad Abaza, Harry Reid, Darren Morfitt, Lucinda Rhodes Thakrar, Ewen McIntosh, Scott Williams, Reece Noi
THEMA CANNIBALES
Que se passerait-il si le propriétaire d’un fast-food londonien décidait de créer de nouveaux sandwiches à base de viande humaine ? Tel est le postulat saignant du premier long-métrage de Dan Pringle. K-Shop accroche le public dès son entame par la justesse de ses personnages et la relative simplicité de sa situation de départ. Nous sommes à Londres, dans une partie de la ville où la jeunesse s’enivre tous les week-ends jusqu’à sombrer dans une folie où le manque de discernement vire rapidement à la violence et l’agressivité. Pringle décrit ce cadre réel avec un sens de l’observation qui confine presque à l’étude sociologique, mêlant des images mises en scène spécialement pour le film avec des plans « volés » discrètement dans la ville de Bournemouth. « Lorsque vous êtes sobre et que vous assistez à la débauche que provoque l’alcool sur les londoniens dans certains quartiers dès qu’arrive le week-end, c’est un spectacle très étrange », explique-t-il. « Vous avez presque l’impression d’assister à des scènes d’émeutes. Je me suis dit qu’il serait intéressant de situer mon premier long-métrage dans ce contexte. Voilà comment est née l’idée de K-Shop. » (1)
Le cadre étant posé, le personnage principal peut entrer en scène. Il s’agit de Salah (Ziad Abaza). Étudiant brillant et prometteur, il ne veut pas laisser son père malade gérer seul le petit fast-food qu’il tient dans ce quartier en effervescence. Il tente donc de concilier ses études et la tenue du restaurant. Mais un soir, des clients un peu trop éméchés bousculent son père et le tuent involontairement. Dès lors, Salah part en croisade contre ceux qui multiplient les incivilités. Sans autre forme de procès, il les assassine, les découpe et les transforme à chair en kebab ! « J’aurais pu choisir un policier, un ambulancier ou un chauffeur de taxi » explique Dan Pringle. « Mais l’idée d’une sorte de Sweeney Todd dans une boutique de kebabs était trop tentante pour y résister ! » (2)
Sweeney Todd version kebab
Si l’on s’en tient à ce concept, on peut s’attendre à une comédie loufoque digne des productions Troma. Mais Pringle préfère cultiver un humour noir et désespéré, privilégiant l’horreur clinique (les gros plans de chair humaine débitée nous sont exposés dans toute leur crudité clinique) plutôt que le gore burlesque. Car la situation ne prête pas vraiment à rire. Le spectateur est amené presque malgré lui à éprouver beaucoup d’empathie pour le jeune homme, même s’il réprouve logiquement ses actes. Le film s’essouffle hélas à mi-parcours, alors que les motivations de Salah deviennent plus floues et que le scénario s’intéresse soudain aux activités illicites du club branché qui jouxte sa boutique. K-Shop piétine alors et ne retrouve plus la force de ses premières séquences, sans pour autant se départir de la qualité de sa mise en scène et de sa direction d’acteur.
(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2016
© Gilles Penso
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