HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT 1ère PARTIE (2010)

Languissant, erratique, indécis, cet avant-dernier long-métrage consacré au sorcier à lunettes avance à pas de fourmis…

HARRY POTTER AND THE DEATHLY HALLOWS: PART 1

 

2010 – USA / GB

 

Réalisé par David Yates

 

Avec Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson, Ralph Fiennes, Helena Bonham Carter, Jason Isaacs, David Thewlis, Alan Rickman, Brendan Gleeson, Bill Nighy

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA HARRY POTTER

Pour clore sur une note flamboyante la saga cinématographique Harry Potter, il aurait fallu la vision d’un cinéaste à la personnalité forte et au style marqué. Après tout, la franchise s’était amorcée avec la volonté affirmée de profiter de la patte de réalisateurs aux univers bien distincts (Chris Columbus, Alfonso Cuaron, Mike Newell). Mais depuis l’épisode 5, David Yates a la main mise sur les aventures du sorcier à lunettes et ne quitte plus le siège du metteur en scène. Par habitude, par confort ou par paresse, le studio Warner ne cherche pas à le remplacer. Il est pourtant manifeste que ce technicien solide mais interchangeable ne parvient pas à se départir d’une réalisation télévisuelle sans âme, malgré les moyens colossaux mis à sa disposition. Il ne faut donc pas s’attendre à beaucoup d’éclat dans cet opus qui, une fois n’est pas coutume, ne mettra jamais les pieds entre les murs de Poudlard. Nos protagonistes sont désormais de jeunes adultes, le Mal s’est insinué partout et la résistance s’organise loin des bancs d’école. C’est en effet un peu partout dans le monde que Harry, Ron et Hermione vont tenter de mettre la main sur les horcruxes, des objets d’apparence banale dans lesquels le redoutable Voldemort a caché des morceaux de son âme tourmentée. Les détruire reviendrait à le mettre hors d’état de nuire pour de bon. Mais comment les trouver ?

Harry Potter et les reliques de la mort 1ère partie prend une forme inattendue. Non seulement le rituel des cours de Poudlard n’a plus lieu, mais en outre nos héros sont poussés par une fuite en avant permanente. En cavale face à une autorité fasciste représentée par les apôtres de Voldemort, ils sont presque devenus les héros d’un road movie sans voiture, leurs déplacements se déroulant par téléportation – ou plutôt par « transplanage » d’une étape à l’autre de leur parcours initiatique. L’entame du film laisse imaginer un spectacle inédit et palpitant. Il y a d’abord la noirceur extrême de ce prologue, où le super-vilain malsain incarné par Ralph Fiennes torture et tue une de ses captives avant de la livrer en pâture à un serpent géant ; puis cette scène d’action teintée d’humour où la plupart des alliés d’Harry Potter imitent ses traits pour mieux tromper l’ennemi ; ou encore cette séquence de suspense habile située dans les locaux du ministère de la magie, mué en administration totalitaire digne de 1984 ou Brazil. Tous ces moments laissent planer beaucoup d’espoirs… lesquels s’évaporent lorsque l’intrigue se met à patiner jusqu’à s’engouffrer dans une langueur d’un ennui mortel. Car à mi-parcours, il ne se passe quasiment plus rien dans ce scénario anémique que Steve Kloves s’efforce de dynamiser artificiellement (Ron et Hermione se disputent, Ron et Hermione se réconcilient) jusqu’à plonger les protagonistes dans des situations embarrassantes (il faut voir Harry qui fait danser Hermione avec autant de grâce que Tobey Maguire dans Spider-Man 3 !).

Une désespérante absence de péripéties

Face à cette désespérante absence de péripéties, on en vient légitimement à se poser la question de la pertinence d’avoir coupé en deux le dernier roman de la saga. Si le pavé de J.K. Rowling pèse son poids (plus de 800 pages tout de même), il y avait clairement moyen de resserrer le récit pour en extraire la substantifique moelle sans s’encombrer de tout ce « gras » superflu. Évidemment, les motivations du studio sont claires : produire deux films au lieu d’un seul permettra de multiplier par deux les bénéfices. Il ne s’agit pas de stopper trop tôt le remplissage des tiroir-caisse ! David Yates n’est donc pas le seul à blâmer pour l’édifiante transparence de cet opus, et le changement de compositeur n’arrange rien. La partition d’Alexandre Desplat a certes plus de finesse et d’élégance que celles de Nicolas Hopper, mais à force de vouloir s’écarter du style de John Williams, l’identité musicale de la saga finit par s’évaporer. Fort heureusement, la seconde partie de ces Reliques de la mort saura redresser la barre de justesse.

 

© Gilles Penso

 

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