Godzilla ressuscite une fois de plus pour affronter deux papillons géants qui lui donnent du fil à retordre
GOJIRA TAÏ MOSURA
1992 – JAPON
Réalisé par Takao Ogawara
Avec Tetsuya Bessho, Satomi Kobayashi, Takehiro Murata, Saburo Shinoda, Akiji Kobayashi, Akira Takarada, Makoto Otake
THEMA DINOSAURES I INSECTES ET INVERTÉBRÉS I SAGA GODZILLA
Alors que Godzilla contre King Ghidorah inventait une histoire complète en réinventant le monstre de Ghidrah le monstre à trois têtes et ses origines, ce nouvel épisode se présente comme un remake de Mothra contre Godzilla (1964). Le scénario n’y est pas similaire, certes, mais la structure et les séquences principales y sont répétées avec une fidélité qui confine à la duplication. La chute d’une météorite provoque maints dérèglements un peu partout sur la Terre, mettant à jour un œuf gigantesque sur une île isolée. Une petite expédition s’y rend et découvre deux minuscules entités féminines, les « Cosmos », leur annonçant l’existence de deux créatures sur le point de revenir sur Terre : Mothra et Battra. Toutes deux ont le même objectif – la protection de notre planète – mais pas les mêmes méthodes. Car si Mothra, sur le point d’éclore, prône le pacifisme, Battra, en route vers le Japon, est prêt à détruire l’humanité pour parvenir à ses fins. Entre-temps, le vénérable Godzilla revient à la vie et vient compliquer les choses…
Visiblement, les derniers succès en date du cinéma américain semblent conditionner les scénarios des Godzilla de l’ère « Heisei » (le cycle produit entre 1984 et 1995). Ainsi, alors que l’épisode précédent clignait ouvertement de l’œil vers Terminator 2, celui-ci semble faire écho à la sortie récente d’Indiana Jones et la dernière croisade à travers ce héros archéologue à la fois intrépide, maladroit et malchanceux avec les femmes. Toutes les figures imposées sont de la partie au début du film, de l’idole récupérée dans le temple en train de s’effondrer jusqu’au pont suspendu dans la jungle qui s’écroule, en passant par la chambre souterraine dans laquelle la lumière du soleil crée un rayon révélateur. Contrairement aux deux films précédents, l’intrigue humaine est ici simplifiée à l’extrême, les tortueux rebondissements science-fictionnels mâtinés d’espionnage s’étant estompés au profit d’une linéarité finalement assez rafraichissante.
La foire aux monstres
Du côté des monstres, on déchante quelque peu. Car Battra est loin de convaincre, sous sa forme d’amas de latex trapu et cornu aux petites pattes crochues et à la gueule démesurée garnie de mandibules. Mothra lui-même a les allures d’une grosse chenille en plastique rigide du plus ridicule effet. Au cours de son premier affrontement avec Godzilla, il se défend en lui crachant du fil et en lui mordant la queue (!), puis s’installe en ville pour fabriquer son cocon. Sous son aspect de papillon, hélas, la créature n’est guère plus crédible, prenant les allures de bête de fête foraine en peluche multicolore affublée de grands yeux et d’un gros museau. Tout se passe comme si les effets spéciaux n’avaient guère évolué depuis 1964. Au cours du climax, Battra se métamorphose en hideux papillon de nuit et les deux insectes géants s’affrontent avant de s’unir pour défaire un Godzilla plus menaçant que jamais. Naïf, sérieux comme un pape et exagérément lyrique, Godzilla contre Mothra défend des valeurs certes louables – la sauvegarde de l’environnement, la dénonciation des multinationales appâtées par le gain à tout prix – mais le manque de subtilité du message en annihile fortement l’impact. Les dernières images semblent se calquer sur celles de Rencontres du 3ème type, le vaisseau mère extra-terrestre se muant ici en papillon géant qui traverse le cosmos au son d’une partition exagérément emphatique.
© Gilles Penso
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