GODZILLA CONTRE KING GHIDORAH (1991)

Après deux films célébrant « sérieusement » le grand retour de Godzilla, ce troisième opus bascule dans la SF la plus délirante

GOJIRA TAÏ KINGU GIDORA

 

1991 – JAPON

 

Réalisé par Kazuri Omori

 

Avec Kosuke Toyohara, Anna Nakagawa, Megumi Odaka, Katsuhiko Sasaki, Tokuma Nishioka, So Yamamura

 

THEMA DINOSAURES I VOYAGES DANS LE TEMPS I DRAGONS I SAGA GODZILLA

Avec Le Retour de Godzilla et Godzilla contre Biollante, la Toho avait décidé de redonner ses lettres de noblesse au célèbre dinosaure radioactif en oubliant les excès des épisodes tournés dans les années 70. Mais dès Godzilla contre King Ghidorah, les scénaristes n’ont pas résisté à la tentation des délires science-fictionnels les plus absurdes. Lorsque le film commence, des hommes venus de 2204 remontent le temps jusqu’en 1992 pour annoncer que le Japon du futur sera entièrement détruit par Godzilla. Afin d’y remédier, ils proposent d’aller sur l’île de Ragos en 1944, époque où le monstre n’était qu’un tyrannosaure. En effet, ce n’est que dix ans plus tard, en se faisant irradier avec les essais de la bombe H, qu’il se transformera en Godzilla. Une petite expédition se forme et se retrouve donc en pleine seconde guerre mondiale. Au bout d’une demi-heure de film, le monstre apparaît enfin. Réminiscence des sauriens du Sixième continent, il a les allures d’un tyrannosaure de 30 mètres de haut, et si son design est plutôt réussi, sa texture en caoutchouc et la présence immédiatement détectable de l’homme sous le costume nuisent sérieusement à son réalisme.

Une fois que le dinosaure a attaqué et chassé les G.I. de l’île, assurant la victoire des Japonais, l’expédition venue du futur le téléporte au fond d’un océan de 1992. Mais en repartant, nos « futuriens » oublient sur l’île trois animaux domestiques issus de modifications génétiques, les Dorats, aux allures de Mogwaïs reptiliens affublés d’ailes de chauve-souris. En 1954, ce sont eux qui sont irradiés par la bombe, et ils fusionnent pour donner naissance à une créature redoutable : Ghidorah, le fameux dragon tricéphale. Lorsque le monstre se met à ravager les villes de Fukuoka et Okkaido, il devient clair que les intentions des visiteurs de futur sont loin d’être louables. C’est à dessein qu’ils ont créé Ghidorah, afin de détruire le Japon pour l’empêcher de devenir une puissance mondiale trop forte. En réalité, Godzilla n’a donc jamais détruit le Japon dans le futur.

L'influence de Terminator 2

Acculés, les hommes de 1992 ne voient plus qu’une solution : irradier le tyrannosaure qui gît au fond des eaux pour le muer en Godzilla et l’obliger à affronter Ghidorah. A l’issue du combat, le dragon à trois têtes est laissé pour mort, une aile déchirée et une tête en moins. Mais grâce à la technologie du 23ème siècle, il est ressuscité et revient sous forme de cyborg pour un ultime et homérique pugilat. Le scénario part donc dans tous les sens, subissant au passage la manifeste influence de Terminator 2 (d’où quelques ridicules séquences avec un androïde qui court comme Steve Austin), et prône ouvertement un anti-américanisme assez marqué. Car les maléfiques « futuriens » sont américains et ils veulent détruire le Japon afin que les États-Unis demeurent la première puissance mondiale. Au milieu de ce fatras incohérent, on note un gag plutôt surprenant : en voyant le vaisseau spatial du futur traverser le ciel de 1944, un gradé américain n’en croit pas ses yeux et demande au soldat qui l’accompagne de garder le secret pour éviter d’être ridiculisés. Et de terminer par « vous raconterez ce que vous avez vu à votre petit-fils, major Spielberg » !

 

© Gilles Penso

 

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