Dans cet ultime épisode du second cycle de la saga Godzilla, le « Roi des Monstres » affronte le plus destructeur de tous ses adversaires…
GOJIRA TAÏ DESTUTOROIA
1995 – JAPON
Réalisé par Takao Okawara
Avec Takuro Tatsumi, Yôko Ishino, Yasufumi Hayashi, Megumi Odaka, Sayaka Osawa, Saburo Shinoda, Akira Nakao
THEMA DINOSAURES I SAGA GODZILLA
Cet opus étonnant des aventures de Godzilla s’efforce non sans effronterie de bouleverser le mythe en redéfinissant certaines de ses données tout en retournant aux sources, à savoir le film original de 1954. Ainsi, extraits à l’appui, nous revoyons le docteur Serizawa venir à bout du monstre en le privant d’oxygène, et nous apprenons que le premier Godzilla est bel et bien mort. Tous les monstres similaires qui sont apparus depuis sont donc des descendants, ce qui expliquerait la présence dans certains épisodes d’un bébé Godzilla, assurant le rôle de relais au lieu de simple faire-valoir comique. Mais jouer aux apprentis-sorciers n’a jamais réussi aux hommes, et l’on découvre que l’annihilateur d’oxygène créé par Serizawa quelque 40 ans plus tôt a donné naissance à des créatures destructrices microscopiques, qui n’ont fait que croître avec le temps. D’où une séquence mémorable où, atteignant la taille de crustacés miniatures, elles réduisent en poussière les myriades de poissons d’un grand aquarium nippon. Grandissant encore, elles atteignent trois mètres de haut et sèment la terreur dans Tokyo.
L’armée se frotte à cette menace croissante, en un affrontement qui n’est pas sans évoquer Aliens. Hélas, l’efficacité de la mise en scène y est appauvrie par le manque de crédibilité des marionnettes mécaniques « interprétant » les monstres. Ces derniers ressemblent à des scorpions surmontés d’un long cou au bout duquel se dresse une tête de dragon, dont la bouche s’inspire à la fois de celle des aliens et des predators. Apparemment indestructibles, les bêtes mutent encore et deviennent un seul et même monstre : Destroyah. Un malheur ne venant jamais seul, voilà que Godzilla, suite à une catastrophe survenue sur son île, se charge plus que jamais en radioactivité. Son cœur agit désormais comme le moteur d’une centrale atomique sur le point d’exploser. Et la déflagration, inévitable, équivaudrait à des milliers d’Hiroshima, réduisant la Terre en cendres. Scientifiques et militaires proposent donc d’attirer les deux monstres l’un vers l’autre, afin qu’ils s’autodétruisent.
Autodestruction
S’ensuit un pugilat titanesque, dont la folie destructrice dépasse celle pourtant gratinée du film précédent. À cette bataille participent un bombardier futuriste capable de propulser des rayons réfrigérants, ainsi que le fils de Godzilla. Celui-ci n’a plus rien d’un évadé des Télétubbies ou des Tortues Ninja. Son allure de saurien carnassier au long cou effilé, à la queue de serpent et à la crête dorsale discrète en fait le monstre le plus réussi du film, d’autant que, pour une fois, il ressemble vraiment à un dinosaure. Si Destroyah est enfin vaincu à l’issue du film, les dommages collatéraux sont considérables. Car Godzilla Jr s’y écroule tristement, laissé pour mort, tandis que son père, rongé peu à peu par son cancer radioactif, se dissout douloureusement jusqu’à retourner au néant. Un climax surprenant et presque poignant, tempéré tout de même par une dernière image, magnifique : au milieu des fumées et des débris surgit bientôt la silhouette familière d’un grand dinosaure atomique. Godzilla renaît-il de ses cendres ? Son rejeton a-t-il assuré la relève ? Aucune réponse officielle ne sera donnée à ces interrogations, Godzilla contre Destroyah marquant la fin de l’ère « Heisei » avant le troisième cycle nippon des aventures du « Roi des Monstres » relancé en 1999.
© Gilles Penso
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