Alors qu’il croise par inadvertance le champ d’une expérience sur les voyages temporels, un motard se retrouve en plein Far West
TIMERIDER: THE ADVENTURES OF LYLE SWANN
1982 – USA
Réalisé par William Dear
Avec Fred Ward, Belinda Bauer, Peter Coyote, Richard Masur, Tracey Walter, Macon McCalman
THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS
C’est Michael Nesmith, ancien guitariste du groupe de pop rock The Monkeys, qui est à l’initiative de Timerider, dont il assure la production, la bande originale et la co-écriture avec le réalisateur William Dear. Le rôle principal de ce « western de science-fiction » est confié à Fred Ward. Le futur héros de Remo sans arme et dangereux prête ici ses traits burinés au personnage de Lyle Swann, une star du motocross dont l’engin utilise des technologies de pointe (un ordinateur de bord, un casque à visée électronique), le positionnant presque en précurseur du Jesse March de Tonnerre mécanique. Alors qu’il traverse le désert du Mexique pendant la compétition Baja 1000, Swann s’égare et se retrouve sans le savoir sur le terrain d’expérimentation de la compagnie International Computel, qui s’apprête à envoyer un singe cent ans dans le passé. Notre motard entre ainsi dans le champ de cette expérience de pointe et se retrouve en 1877 (plus précisément le 5 novembre, une date apparemment liée aux voyages dans le temps puisqu’on la retrouve dans C’était demain et Retour vers le futur). Ignorant qu’il a traversé plus d’un siècle, Swann cherche son chemin sans succès. Lorsque tombe la nuit, son surgissement au cœur de l’obscurité donne à sa moto les allures d’un vaisseau spatial, dans la droite lignée des OVNIS de Rencontres du troisième type, provoquant l’arrêt cardiaque d’un vieux paysan mexicain. Ce n’est que la première d’une série de réactions paniquées, affolées ou hostiles à son encontre…
Le parti pris surprenant du scénario de Timerider est de toujours laisser aux spectateurs un coup d’avance sur les héros. Ainsi, jamais le protagoniste ne prend-il conscience qu’il a voyagé dans le temps. Les mœurs archaïques des gens qu’il rencontre ne cessent certes de l’interloquer, mais il rationnalise comme le ferait sans doute n’importe qui, persuadé qu’il est tombé sur une communauté façon Amish ou sur des villageois n’ayant guère évolué depuis le Far West (ce qui est effectivement le cas dans certains coins reculés de l’Amérique profonde). Les autochtones, de leur côté, ne comprennent pas d’où viennent sa machine et son équipement, sans pour autant s’imaginer qu’ils ont affaire à un homme du futur, même si les plus superstitieux croient être en présence du diable (une crainte alimentée par sa combinaison rouge vif). C’est donc un quiproquo permanent, propice à quelques situations surréalistes dont certaines annoncent le troisième volet de la trilogie Retour vers le futur.
Motard vers le futur
Timerider souffre principalement de la caractérisation minimaliste de l’ensemble de ses personnages. Fred Ward campe un héros finalement assez passif qui se laisse porter par les événements, Belinda Bauer se contente d’être belle et farouche, Peter Coyote (qui joue la même année « l’homme aux clefs » de E.T.) est un méchant grimaçant et caricatural, L.Q. Jones endosse le rôle du sheriff bourru et taciturne, bref l’archétype domine sans finesse ni profondeur. Il nous est donc difficile de nous attacher pleinement à cette petite galerie de protagonistes. Pour autant, le film est un très sympathique divertissement, porté par une bande originale façon rock FM des années 80 (synthétiseurs, boites à rythme, guitares saturées) et sis dans un cadre de western finalement peu glamour. Les cowboys y sont sales, rustres, violents, plus proches de la vision d’un Sergio Leone que de celle d’un John Ford. Les morts brutales ponctuent d’ailleurs régulièrement l’intrigue. Si la narration s’autorise quelques allers-retours entre le passé et le présent, s’intéressant furtivement au co-équipier de Jesse et aux scientifiques qui cherchent à le ramener, le scénario de Nesmith et Dear reste principalement attaché aux mésaventures de Swann, dont le dossard frappé du numéro 82 rappelle l’année à laquelle il appartient. Le final, abrupt, expose un paradoxe temporel savoureux mais peu surprenant dans la mesure où la plupart des spectateurs l’auront vu venir depuis longtemps. Quelques années plus tard, le réalisateur William Dear connaîtra son heure de gloire en dirigeant Bigfoot et les Henderson et en signant le script de Rocketeer.
© Gilles Penso
Partagez cet article