Des essais nucléaires effectués dans le Pacifique transforment des marins en créatures radioactives mutantes
L’Homme H est un film de science-fiction marqué par les retombées de la bombe atomique, exercice dans lequel Inoshiro Honda est passé maître depuis son mythique Godzilla. Mais ici, contrairement aux traditionnels kaiju eigas (« films de monstres japonais »), le récit est principalement conté sous l’angle d’une enquête policière empruntant beaucoup de son inspiration au film noir américain des années 40. L’intrigue démarre alors qu’un trafiquant de drogue recherché par les services de polices se volatilise littéralement, ne laissant derrière lui que ses vêtements éparpillés au sol. Tominaga (Akihiko Hirata), l’inspecteur chargé de l’affaire, se rapproche de Chikako Arai (Yumi Shirakawa), une séduisante chanteuse de night-club avec laquelle le disparu était fiancé, mais celle-ci s’avère incapable de l’aiguiller dans ses investigations. Alors que la police de Tokyo commence sérieusement à piétiner, le docteur Masada (Kenji Sahara), un jeune scientifique, propose une théorie pour le moins inattendue. Selon lui, des essais nucléaires effectués dans le Pacifique ont transformé l’équipage d’un chalutier en créatures radioactives mutantes aux allures de blobs rampants, ce que semble confirmer le témoignage de marins traumatisés cloués sur un lit d’hôpital. Ces monstres liquides avides d’énergie semblent s’être propagés en ville par les égouts, et la contamination des êtres humains ne fait à priori que commencer. La suite des événements va hélas confirmer cette incroyable théorie…
Une fois de plus, Inoshiro Honda s’appuie sur les effets spéciaux très performants d’Eiji Tsuburaya, lequel visualise les méfaits des « hommes-H » en trois étapes distinctes : les reptations gluantes des blobs sur les murs et les plafonds, la dissolution du corps des infortunés humains dont ils croisent le chemin (des images très graphiques qui annoncent le climax des Aventuriers de l’arche perdue), et l’apparition spectrale des contaminés sous forme de silhouettes humanoïdes et translucides. Tsuburaya nous gratifie également de splendides maquettes – l’une de ses grandes spécialités – lors du flash-back mettant en scène le bateau fantôme, et pour le final au cours duquel le port de Tokyo est encerclé par de gigantesques flammes.
Les blobs atomiques
A l’issue de cet apocalyptique dénouement, une voix off pleine d’emphase résume haut et fort le message antinucléaire cher à Honda : « si la race humaine doit disparaître de la surface d’une terre recouverte des cendres de la bombe A, il est possible que le nouveau maître de notre planète soit précisément l’Homme H. ». Jonglant habilement entre les codes du polar, du film catastrophe, du film d’horreur et du film de science-fiction, L’Homme H, malgré quelques pertes de rythme régulières pendant la partie policière du récit, est non seulement un divertissement très réussi mais aussi l’une des variantes les plus inventives sur le thème du blob (Danger planétaire sortait sur les écrans la m$eme année), collectant au passage quelques scènes d’épouvante très efficaces, notamment la course poursuite dans les égouts qui n’est pas sans évoquer celle de Des Monstres attaquent la ville.
© Gilles Penso
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