Eddie Murphy nous offre un remake excessif du classique Docteur Jerry et Mister Love de Jerry Lewis
THE NUTTY PROFESSOR
1996 – USA
Réalisé par Tom Shadyac
Avec Eddie Murphy, Jada Pinkett, James Coburn, Larry Miller, David Chappelle, John Ales, Patricia Wilson, Jamal Mixon
THEMA JEKYLL & HYDE
L’idée de faire le remake d’une parodie, en l’occurrence le Docteur Jerry et Mister Love de Jerry Lewis, peut à priori surprendre. C’est pourtant ce qu’ont entrepris trente-trois ans plus tard le producteur Brian Grazer, le réalisateur Tom Shadyac et le comédien Eddie Murphy, frais émoulu d’un Vampire à Brooklyn oscillant maladroitement entre la comédie et l’épouvante. Pour éviter de réitérer cette maladresse, point d’ambiguïté ici : The Nutty Professor version 1996 (lourdement traduit par Le Professeur Foldingue en France, ce qui nous rappelle les grandes heures télévisées de Stéphane Collaro et son équipe d’humoristes !) est une comédie pure, même si la thématique reste profondément fantastique. L’idée maîtresse de cette nouvelle version est née dans l’esprit d’Eddie Murphy : pourquoi le docteur en question ne serait-il pas un obèse cherchant à lutter contre sa corpulence envahissante ?
L’idée est séduisante, certes, et susceptible de toucher un large public dans une Amérique frappée de calories envahissantes. Mais elle n’est guère réalisable sans effets spéciaux omniprésents, dans la mesure où c’est Eddie Murphy qui interprète le docteur obèse, son alter ego athlétique, ainsi que toute la famille du docteur et un professeur d’aérobic blanc… Sept personnages distincts en tout ! Maquilleur familier du comédien et superstar des effets spéciaux cosmétiques, le grand Rick Baker s’est attelé à cette lourde tâche avec le talent qu’on lui connaît. Grâce au savoir-faire de Baker et à sa mousse de latex, Murphy se transforme tour à tour en bibendum de deux cents kilos, en mère joviale, en grands-parents fatigués, en frère hargneux ou en blanc gesticulant. Le frêle Julius Kelp de Jerry Lewis se mue ainsi en ventripotent Sherman Klump, professeur de génétique à l’Université Wellman. Sérieusement complexé par son poids considérable, il essaie bien les régimes et les séances de sport, mais rien n’y fait. Lorsqu’un comique de cabaret se moque ouvertement de sa corpulence devant Carla (Jada Pinkett), jolie professeur de chimie dont il est en train de s’éprendre, Klump décide de tenter le tout pour le tout : créer la formule qui le transformera en séducteur svelte, agressif et sûr de lui.
Docteur obèse et Mister svelte
Empruntant un terrain déjà balisé tout en distillant quelques séquences de pure folie (le cauchemar où Klump s’imagine aussi grand que King Kong), Le Professeur Foldingue s’achemine vers un climax excessif au cours duquel, par le biais d’effets visuels hérités de The Mask, notre héros grossit et maigrit à tour de rôle devant une assistance médusée. Il faut bien avouer que la mise en scène de Tom Shadyac est anonyme et que l’humour y végète très en dessous de la ceinture. Malgré tout, le divertissement fonctionne plutôt bien, en grande partie grâce à l’énergie et à la bonhomie communicative de son comédien omniprésent. Mais qu’il est loin, le chef d’œuvre de Jerry Lewis ! Le succès du Professeur Foldingue, qui coûta tout de même la coquette somme de 54 millions de dollars, remit en selle Eddie Murphy, qui venait d’enchaîner une inquiétante série de bides, et entraîna la mise en chantier d’une séquelle centrée sur les membres de la famille Klump.
© Gilles Penso
Complétez votre collection
Partagez cet article