Fausse suite du remake de Vampire, vous avez dit vampire ?, ce second Fright Night met en scène une version moderne de la comtesse Bathory
FRIGHT NIGHT 2: NEW BLOOD
2013 – USA
Réalisé par Eduardo Rodriguez
Avec Will Payne, Jaime Murray, Sean Power, Sacha Parkinson, Chris Waller, John-Christian Bateman, Liana Margineanu, Alina Minzu, Adi Hostiuc, Joelle Coutinho
THEMA VAMPIRES I SAGA VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ?
C’est en un temps record que le studio Fox a lancé la production de ce second Fright Night, dont le scénario fut écrit en une semaine à peine par Matt Venne (auteur de La Voix des morts de Patrick Lussier et La Maison sur le lac de Mick Garris), avant de subir un certain nombre de révisions pendant deux mois. À la tête de cette fausse séquelle conçue directement pour une exploitation vidéo, Eduardo Rodriguez entend rendre hommage au premier Vampire, vous avez dit vampire ? de Tom Holland sans tenir compte du précédent Fright Night de Craig Gillespie. Et de fait, Fright Night 2 usurpe son titre dans la mesure où il ne s’agit nullement d’une suite mais plutôt d’une variante sur le film original, qui emprunte également quelques éléments à Vampire, vous avez dit vampire 2 de Tommy Lee Wallace. Du coup, aucun des comédiens du Fright Night de 2011 n’a été conservé même si les personnages principaux sont les mêmes, incarnés par des acteurs hélas beaucoup moins charismatiques que leurs prédécesseurs (nous avons clairement affaire ici à des seconds couteaux). Il nous faut donc accepter le concept étrange d’un reboot qui met une fois de plus en scène Charley Brewster (Will Payne), sa petite amie Amy Peterson (Sacha Parkinson) et son copain lourdaud « Evil » Ed Bates (Chris Waller). Tous les trois se retrouvent dans un voyage étudiant en Roumanie, ce qui permet un contexte différent de ceux des opus précédents. Mais pour le reste, le refrain reste le même et un sentiment de déjà vu permanent flotte sur le film.
Charley Brewster est perturbé par le comportement de sa voisine, Gerri Dandridge, qui semble attirer les jeunes femmes chez elles pour les saigner puis jeter leurs corps dans des sacs poubelle. Après avoir fouillé chez elle et découvert qu’il s’agissait d’un vampire, il tente en vain de convaincre son entourage et les autorités. Tous les moments clés du film de Tom Holland sont donc là, de la transformation d’Evil Ed en vampire au kidnapping d’Amy en passant par le recours désespéré aux services de Peter Vincent, incarné ici par Sean Power. On le voit, rien de bien neuf à l’horizon, à part la modernisation du personnage de Peter Vincent (l’élégant comédien « old school » que campait Roddy McDowall est devenu une star bidon de YouTube qui ne croit pas aux monstres et traîne dans les bars à striptease) et le changement de sexe du vampire (Jerry est devenu Gerri). Cette dernière entorse au film original est sans doute un clin d’œil au second Vampire, vous avez dit vampire ?, dont la sensuelle buveuse de sang s’avérait être la sœur du sanglant Jerry. Le scénario profite de la féminisation du monstre et de la relocalisation européenne de l’intrigue pour convoquer le mythe de la comtesse Bathory. Car au naturel, la belle Gerri (Jaime Murray) est en réalité une vieille femme encapuchonnée qui ensorcelle ses jeunes victimes féminines, les égorge à distance (!), remplit sa baignoire de leur sang puis s’y plonge. Elle en ressort dès lors fraîche et pimpante, prête à commettre de nouveaux forfaits…
Vampire en pire
Tourné en 23 jours dans des températures glaciales avoisinant parfois les -30° (au grand dam des comédiens frigorifiés et des techniciens dont l’équipement manque souvent de défaillir), Fright Night 2 n’est pas dénué de qualités. Le chef opérateur Yaron Levy signe une photographie très soignée aux couleurs saturées, le compositeur Luis Ascanio mêle avec bonheur les cuivres, les synthétiseurs et les chœurs lugubres, et le cinéaste parvient à concocter quelques scènes d’épouvante assez efficaces, comme ce pré-générique choc dans une station-service ou ce chassé-croisé dans le métro. Il conçoit également un flash-back original qui raconte les origines de la comtesse sanglante sous forme d’une bande-dessinée en 3D. Inattendue, cette scène permet à la production d’économiser les coûts importants qu’aurait nécessité un tournage en prises de vues réelles, mais il faut reconnaître qu’elle est justifiée de manière très artificielle dans le film. Et c’est là tout le problème de Fright Night 2 : une absence de finesse et des raccourcis scénaristiques permanents. Visiblement peu confiant dans le potentiel de son scénario, Rodriguez ménage un « jump-scare » toutes les cinq minutes, se réfugie derrière un érotisme prudent et des effets sanglants convenus, puis achève son film sur un climax ridicule n’en finissant plus d’enchaîner les rebondissements improbables dans la grande piscine de la comtesse Bathory.
© Gilles Penso
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