En 2013, Spenser Cohen commence à faire tourner dans les studios hollywoodiens le scénario d’Extinction, un ambitieux récit de science-fiction s’acheminant vers un twist audacieux. Le scénario plaît beaucoup mais tarde à se concrétiser. En quête d’un projet intéressant après le coup d’éclat de Captain America : First Avenger, Joe Johnston s’intéresse à ce script et envisage de le réaliser en confiant le premier rôle à James McAvoy, devenu superstar grâce à X-Men : le commencement. Cette « dream team » semble prête à se lancer dans le film, mais la production traîne, le scénario initial nécessite des retouches qui peinent à se finaliser et finalement le projet s’interrompt en 2016, pour redémarrer de manière bien moins prestigieuse. Le peu connu Ben Young (signataire du thriller Love Hunter et de plusieurs épisodes de séries TV) est promu réalisateur, tandis que le premier rôle échoit à Michael Peña, dont le grand public a découvert le potentiel comique dans Ant-Man. Malgré cette équipe de « seconds couteaux », le scénario initial conserve sa force première. Il est finalisé par Spenser Cohen et l’acteur/auteur Brad Kane, qui jouait un petit rôle dans Starship Troopers.
Nous sommes dans un monde légèrement futuriste. Michael Peña incarne Peter, ingénieur et père de famille dont le sommeil est régulièrement troublé par des cauchemars récurrents. Il y voit l’invasion de notre planète par des êtres inconnus, des batailles violentes, des images de mort et de destruction… Son épouse Alice (Lizzy Caplan, héroïne de Cloverfield) lui conseille de consulter un psychiatre, ce qu’il refuse systématiquement. Car quelque part dans un coin de son cerveau, quelque chose semble vouloir lui dire que ces images sont bien réelles. Les événements ne tardent pas à lui donner raison lorsqu’une armée surgie du ciel met soudain la cité à feu et à sang, enclenchant un massacre à grande échelle que rien ne semble pouvoir éradiquer. Au milieu d’un chaos apocalyptique digne de « La Guerre des Mondes », Peter, Alice et leurs filles Hanna et Lucy tentent de survivre et finissent par rejoindre les rangs d’un petit groupe de résistants qui semblaient avoir anticipé la situation. Mais qui sont ces assaillants mystérieux ? D’où viennent-ils et pourquoi se livrent-ils à un tel génocide ?
Une autre guerre des mondes
S’il faut admettre que Ben Young met du cœur à l’ouvrage, concoctant de très impressionnantes séquences de destruction massive, des gunfights haletants et un certain nombre de séquences de suspense prenantes, on regrettera par ailleurs que sa mise en scène soit si fonctionnelle. Au service d’un récit désespérément linéaire, nonobstant un formidable coup de théâtre qui permet de remettre en perspective tout ce qui a été vu pendant la première heure et de tempérer le manichéisme apparent de cette intrigue, le réalisateur se contente souvent de « couvrir » l’événement sans apposer une patte, un style ou un point de vue qui permettraient à Extinction de sortir durablement du lot. Nul doute que si Joe Johnston s’était emparé de ce sujet et si James McAvoy y avait tenu le haut de l’affiche, l’œuvre aurait possédé une autre dimension. Universal Pictures ne s’y trompa guère, renonçant à son idée initiale de sortir le film en salle pour laisser Netflix en acquérir les droits de diffusion.
© Gilles Penso
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