Un extra-terrestre anthropophage atterrit dans la campagne anglaise pour se mettre quelques humains sous la dent
PREY / ALIEN PREY
1978 – GRANDE-BRETAGNE
Réalisé par Norman J. Warren
Avec Barry Stokes, Sally Faulkner, Glory Annen, Sandy Chinney, Eddie Stacey, Jerry Crampton
THEMA EXTRA-TERRESTRES
Deux ans après L’Esclave de Satan, Norman J. Warren s’essaie à nouveau au mixage de l’épouvante et de l’érotisme avec ce Zombie venu d’ailleurs au titre français usurpé. Car en guise de mort-vivant, nous avons droit à Kator, un extra-terrestre à figure humaine très amateur de chair fraîche, qui prend soudainement des traits bestiaux (avec yeux noirs, truffe de fauve et mâchoire aux dents acérées) lors de ses réguliers accès de fringale. Après avoir atterri en pleine campagne anglaise (une séquence visualisée par quelques lumières tournoyantes, Warren n’ayant manifestement pas les moyens de se payer une maquette de soucoupe volante), l’alien dévore un jeune couple dans une voiture et prend l’apparence de sa victime mâle, un grand gaillard un peu gauche interprété par Barry Stokes. Il traîne ensuite dans les bois mélancoliques de la campagne anglaise et se fait héberger dans une grande et luxueuse maison par un couple de lesbiennes oisives et végétariennes, l’autoritaire Joséphine (Sally Faulkner), franchement masculine, et la naïve Jessica (Glory Annen), arborant un fort joli minois.
Là, Kator se présente sous l’identité d’un étranger répondant à l’étrange nom d’Anders Anderson. « Il est très attirant… je veux dire pour un homme », lâchera peu après Jessica, au grand dam de sa caricaturale compagne qui exècre les mâles au plus haut point et rétorque sèchement : « Je crois que cet homme est en train de te contaminer ». Dès lors, le scénario se met à hésiter entre la science-fiction teintée d’horreur – l’extra-terrestre communiquant de temps en temps avec son état-major et se mettant quelques policiers sous la dent, ainsi qu’un renard, des poules, des lapins et un perroquet – et le drame teinté d’érotisme, via nos deux jeunes femmes se débattant dans une relation possessive complexe et s’offrant des parties de jambes en l’air filmées avec crudité et réalisme.
Des proies faciles riches en protéines
Décousue, erratique et incapable de se focaliser, l’intrigue finit donc par traîner en longueur et susciter l’ennui, peu aidée il est vrai par une réalisation engourdie et des comédiens au jeu approximatif. Une partie de ce manque de cohésion s’explique par le fait que le scénario, œuvre de Max Cuff, fut écrit au fur et à mesure du tournage. D’où des séquences improbables, comme cette partie de cache-cache au cours de laquelle notre alien pataud est affublé d’une robe de soirée et d’un maquillage outrancier, ou cette interminable scène d’« action » où nos protagonistes sont embourbés dans une mare et tentent de s’en extraire pitoyablement au ralenti. Il faut attendre le dénouement pour que le film décolle enfin, au cours d’une séquence de coucherie mi-érotique mi-horrifique volontiers excessive, au cours de laquelle notre alien nous démontre qu’il a grand appétit après avoir fait l’amour. L’œuvre s’achève par un dernier appel de notre extra-terrestre à ses supérieurs, leur assurant que les humains sont des proies faciles riches en protéines. Une petite touche d’humour noir qui fait hélas cruellement défaut au reste du métrage, que Warren boucla en une petite dizaine de jours de tournage avec un budget squelettique avoisinant les cinquante mille livres sterling.
© Gilles Penso
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