L’un des premiers longs-métrages fantastiques de l’histoire du cinéma français est un film catastrophe impressionnant qui réduit Paris en cendres
LA CITÉ FOUDROYÉE
1924 – FRANCE
Réalisé par Luitz-Morat
Avec Daniel Mandaille, Jeanne Maguenat, Armand Morins, Alexis Ghasne, Cazakis, Paul Journée, Simone Judic, Emilien Richard
THEMA CATASTROPHES
Adapté d’une nouvelle de Jean-Louis Bouquet, La Cité foudroyée est l’un des tout premiers longs métrages fantastiques français, et l’habileté de sa réalisation le dispute à l’originalité de sa construction scénaristique. Pour sauver de la ruine son père, le vénérable Monsieur de Vrécourt, la belle Huguette accepte d’épouser celui de ses prétendants qui pourra lui apporter une grosse somme d’argent dans un délai de trois mois. La lutte est donc sévère entre le boursier Grosset, le boxeur Battling Martel, le baryton Cuivredasse et l’ingénieur Richard Gallée. Tandis que les trois premiers se précipitent à Paris dans l’espoir d’y trouver fortune, Gallée, lui, s’enferme pour travailler d’arrache-pied à un projet fou : une machine capable de dompter la foudre et de la diriger où bon lui semble. Attiré par son invention, un mystérieux étranger finance l’édification d’une gigantesque usine sur la rive d’un torrent agité. Peu après, la ville de Paris est menacée par un homme qui se déclare capable de détruire la ville par le feu si le Conseil Municipal ne lui remet pas la somme de cinquante millions de francs. Le phare de la Tour Eiffel devra lui envoyer un signal confirmant la capitulation de la cité. Mais le signal ne vient pas. La menace est alors mise à exécution. Au beau milieu d’un orage apocalyptique, un quartier de Paris est réduit en cendres, puis les monuments de la ville s’effondrent un à un, au beau milieu d’un colossal maelström de flammes déchaînées…
Mélange de comédie sentimentale, de science-fiction et de film catastrophe, La Cité foudroyée est construit sur la structure d’un flash-back trompeur, qui ne prend tout son sens qu’au moment du dénouement en forme de chute, un deus ex-machina habile qui permet de clore sur un happy-end un récit sombrant dans le drame cataclysmique. Car rien n’est ce qu’il semble être, tout n’est finalement que simulacre pour qui saura lire entre les lignes. La mise en scène de Luitz-Morat intercale régulièrement des intertitres de toutes sortes (dialogues, commentaires, courriers, communiqués de presse…) ainsi que des plans curieux, relevant du symbole (la dame de cœur et les quatre valets), du rêve (Battling Martel sur le ring) ou du souvenir (Huguette et Richard enfants).
L’invention diabolique
L’invention diabolique mise au point par Richard Gallée, qu’on croirait issue d’un album de « Blake et Mortimer », se concrétise par toutes sortes d’images efficaces (fumée sortant du sol, nuages s’amoncelant devant le soleil, incendies, destructions, foudres) obtenues à partir de stock-shots d’archives ou d’effets spéciaux optiques simples mais très efficaces. Au cours du cataclysme final, la Tour Eiffel, la Gare du Nord et la Madeleine sont anéanties, grâce à des effets spéciaux très inventifs employant habilement des maquettes franchement réalistes qui durent surprendre plus d’un spectateur à l’époque où sortit le film. L’humour, souvent présent, dynamise cette Cité foudroyée qui souffre parfois de redites (quatre gros plans prolongés du même message écrit) et de lenteurs de rythme, malgré l’efficace concision de son heure dix de métrage.
© Gilles Penso
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