Un remake du classique de Robert Harmon dans lequel Sean Bean reprend le rôle tenu jadis par Rutger Hauer
THE HITCHER
2007 – USA
Réalisé par Dave Meyers
Avec Sean Bean, Sophia Bush, Zachary Knighton, Neal McDonough, Kyle Davis, Skip O’Brien, Travis Schuldt
THEMA TUEURS I SAGA HITCHER
L’usine à remakes de Michael Bay a encore frappé. Après l’extraordinaire Massacre à la tronçonneuse, le facultatif Amityville et l’anecdotique Massacre à la tronçonneuse : le commencement, le réalisateur d’Armageddon et sa compagnie Platinum Dunes s’attaquent ici à une nouvelle version d’Hitcher, classique de l’épouvante routière réalisé en 1986 par Robert Harmon. A quelques détails près, notamment une nouvelle écriture du lien qui unit les deux jeunes héros, l’intrigue est restée la même. Jim Halsey et Grace Andrews, partis se détendre le temps d’un week-end, prennent en stop un homme étrange qui se présente sous le nom de John Ryder. Au fil de la conversation, ils comprennent qu’ils ont affaire à un dangereux psychopathe et parviennent à l’expulser de leur véhicule. Mais dès lors, Ryder se met à les prendre en chasse, multipliant les cadavres ensanglantés autour d’eux…
Faire le remake d’une œuvre culte est évidemment un exercice périlleux, un tel projet n’étant viable que s’il est porté par une forte personnalité. En l’occurrence, l’impulsion de ce nouvel Hitcher est moins à mettre au compte de Dave Meyers, réalisateur de clips et de spots publicitaires tournant là son premier long-métrage, que de son chaperon Michael Bay. A tel point que la mise en scène, pour efficace et musclée qu’elle soit, ne témoigne d’aucun parti pris personnel, se contentant d’assurer le service minimum avec des degrés d’efficacité variables. Si la première apparition nocturne de John Ryder sous la pluie, découpée et montée avec la minutie d’un orfèvre, fait littéralement froid dans le dos, et si la majeure partie des scènes d’action décoiffent indéniablement, d’autres séquences clefs pèchent par excès de maniérisme. En la matière, le pire vient probablement du climax, truffé de ralentis, de longues focales outrancières et de morceaux de rock FM là où il eut fallu de la sobriété, de la violence brute et du réalisme. Ce type d’artifices superflus ponctue régulièrement le métrage, comme si Dave Meyers ne croyait pas suffisamment à l’efficacité du récit, à moins qu’il n’ait pas su apposer une patte véritable à un produit trop formaté. Il faut dire que l’ombre du film original plane constamment sur le remake, lequel reprend servilement la structure, les séquences et les dialogues de son modèle sans vraiment chercher à les transcender.
Une relecture soignée mais superflue
Pour qui est familier avec le premier Hitcher, cette relecture semble donc forcément superflue. Mais pour tous les autres – c’est-à-dire la plupart des adolescents directement ciblés ici – le spectacle demeure palpitant d’un bout à l’autre. Dave Meyers n’étant franchement pas malhabile lorsqu’il filme ses cascades de voitures ou ses moments de suspense oppressant, le film marche presque tout seul. Il faut également saluer la performance téméraire de Sean Bean. Personne ne pouvait égaler la prestation habitée et illuminée de Rutger Hauer. Le solide comédien britannique se garde donc d’imiter son prestigieux prédécesseur, nous proposant sa propre vision du personnage : un monolithe insondable et insensible. A ses côtés, Sophia Bush et Zachary Knighton, habitués jusqu’alors aux sitcoms et aux séries TV, s’en tirent avec honneur mais sans beaucoup d’éclat.
© Gilles Penso
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