Pour son premier film, le futur réalisateur de La Revanche de Freddy et Hidden concocte un slasher surprenant au casting prestigieux…
ALONE IN THE DARK
1982 – USA
Réalisé par Jack Sholder
Avec Jack Palance, Donald Pleasence, Martin Landau, Dwight Schultz, Erland Van Lidth, Deborah Hedwall
THEMA TUEURS
Le premier long-métrage de Jack Sholder est un excellent slasher qui échappe aux conventions d’un genre alors surexploité pour s’immiscer dans les tréfonds de la folie humaine. A l’encontre du rôle qu’il tenait dans Halloween, Donald Pleasence incarne l’excentrique Leo Bain, directeur d’un hôpital psychiatrique qui abrite quatre aliénés extrêmement dangereux : l’ancien militaire paranoïaque Frank Hawkes (Jack Palance), l’ex-prêtre pyromane Byron Sutcliff (Martin Landau), le pédophile obèse Ronald Elster (Erland Van Lidth), et le tueur en série John Skaggs, qui a tendance a ne jamais montrer son visage et qui est réputé pour saigner du nez chaque fois qu’il commet un meurtre. Au lieu d’opter pour une répression sérieuse et un système de surveillance draconien, Bain choisit la compassion, appelle ses pensionnaires des « voyageurs » (il n’aime pas le mot « patients ») et se contente d’un simple système de fermeture électrique des portes et des fenêtres.
Ces méthodes expérimentales portent leurs fruits, mais le jour où le docteur Harry Merton, auquel les malades sont très attachés, part pour la Philadelphie et se voit remplacer par le jeune psychiatre Dan Potter (Dwight Schultz), un grain de sable s’immisce dans la machine. Persuadés que Potter a tué son prédécesseur et qu’il s’apprête maintenant à les occire, nos quatre fous dangereux profitent d’une panne générale de courant pour s’échapper, voler une camionnette et piller un magasin. Désormais équipés d’un couteau de chasse, d’une arme à feu, d’une arbalète, d’une batte de baseball et d’un masque de hockey (dont s’affuble Skaggs, annonçant le look qu’adoptera Jason Voorhes dans les futurs épisodes de la saga Vendredi 13), ils sèment leur route de cadavres et se dirigent vers la maison du docteur Potter, bien décidés à se venger de lui.
La nuit des fous
Le casting extraordinaire du film, les dialogues ciselés écrits par Sholder et la montée en puissance des séquences de suspense font de Dément l’un des joyaux du genre. Le moment le plus fameux du film (repris d’ailleurs sur certains posters de l’époque) montre la baby-sitter de la famille, en petite tenue sur un lit, menacée par un énorme couteau qui traverse le sommier et le matelas pour surgir entre ses cuisses ! Le dernier tiers du récit est l’inévitable assaut nocturne de la famille Potter dans leur maison (qui présente de nombreuses similitudes avec celle de Psychose). Pour compliquer d’avantage une situation déjà tendue, Toni (Lee Taylor-Allan), la sœur du médecin, à peine sortie d’une dépression, commence à avoir des hallucinations, notamment le surgissement d’un cadavre monstrueux et décomposé (un effet choc créé par Tom Savini). Le seul recours des héros est de répondre à la violence par la violence, et l’on pense alors aux Chiens de paille, dont Dément constitue une variante horrifique. « Il n’y a pas que nous, les fous, qui tuons », souligne finalement Hawkes. « Nous tuons tous, quand nous le devons ». Et le final, d’une violence sans concession, abonde dans ce sens. Le titre Alone in the Dark sera repris dix ans plus tard pour un jeu vidéo très populaire édité par Infogrammes (sans rapport avec le film de Jack Sholder).
© Gilles Penso
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