CURSED (2005)

Wes Craven tente de rajeunir le mythe de la lycanthropie en confiant à Christina Ricci le rôle d’une jolie louve-garou

CURSED

 

2005 – USA

 

Réalisé par Wes Craven

 

Avec Christina Ricci, Joshua Jackson, Jesse Eisenberg, Judy Greer, Scott Baio, Mya, Milo Ventimiglia, Portia de Rossi

 

THEMA LOUPS-GAROUS I SAGA WES CRAVEN

Soucieux de retrouver le succès de Scream, Wes Craven s’associe à nouveau avec le scénariste Kevin Williamson et s’efforce d’appliquer les recettes qui lui valurent la gloire à trois reprises. Les slashers des années 80 ayant été recyclés jusqu’à plus soif, les deux compères cherchent cette fois l’inspiration du côté des films de monstres d’Universal, sans se départir pour autant de héros adolescents et d’humour de sitcom. Christina Ricci incarne Ellie Hudson, employée d’une chaîne de télévision qui vient d’entamer une relation avec le beau Jake (Joshua Jackson). Un soir, alors qu’elle rentre en voiture en compagnie de son jeune frère Jimmy (Jesse Eisenberg), elle heurte un animal sur Mulholland Drive et entre en collision avec un autre véhicule. A l’intérieur de celui-ci se trouve une jeune femme, bientôt dévorée par la bête, qui s’échappe après avoir mordu Ellie et Jimmy. Désormais, ceux-ci vont subir une lente métamorphose, tandis que les meurtres bestiaux s’accumulent autour d’eux…

Cursed n’est pas dénué de qualités. Son loup-garou s’avère plutôt photogénique, du moins tant que c’est Rick Baker qui en signe le maquillage (car dès que la 3D prend le relais, on n’y croit plus une seule seconde). Wes Craven prouve pour sa part qu’il a encore de beaux restes, notamment à travers une extraordinaire séquence de suspense qui démarre dans un parking souterrain et s’achève dans un ascenseur bloqué. Hélas, c’est à peu près tout ce qu’on peut sauver du film. Le reste n’est qu’un amas d’incohérences, de dialogues stupides, de personnages translucides, de vannes de lycée éculées et d’effet choc grotesques censés faire sursauter le spectateur avec la régularité d’un métronome. Ne reculant devant aucune absurdité, Cursed se pare même d’un monstre d’un nouveau genre : un chien loup-garou qu’on croirait échappé de The Mask !

Rebondissements en cascade

Mais le pire reste à venir, autrement dit un climax qui détourne la fameuse séquence des miroirs de La Dame de Shangaï, prélude à une révélation finale théâtrale (« et oui, car en fait c’était moi le loup-garou ! ») qui reprend la mécanique des coups de théâtre finaux des trois Scream, avec long monologue expliquant en quelques minutes toutes les motivations du personnage et éclairant d’un seul coup toutes les zones d’ombre. Ce procédé narratif procède d’une démarche générale consistant à ne traiter les personnages que sous un jour superficiel, leur attribuant sans vergogne des comportements et des répliques dénués de la moindre logique. Comme lorsque l’héroïne, dont la maison est jonchée de cadavres ensanglantés et éviscérés, dit joyeusement à son frère qui s’en va flirter : « bon, et bien moi je reste, j’ai un peu de ménage à faire »… Bref, la pierre que Wes Craven a cru bon d’ajouter à l’édifice lycanthropique est tout à fait facultative, posant en substance la question suivante : pourquoi des artistes talentueux comme Christina Ricci ou Rick Baker sont-ils venus s’embarquer dans cette galère ? Sans parler de la pauvre Portia de Rossi, inoubliable blonde vénéneuse de la série Ally McBeal, qui se voit ici reléguée à l’arrière-plan dans le rôle d’une bohémienne diseuse de bonne aventure pas crédible pour un sou.

 

© Gilles Penso



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