Un jeune couple menacé par une entité diabolique décide de se filmer en continu pour identifier l’origine du mal
PARANORMAL ACTIVITY
2007 – USA
Réalisé par Oren Peli
Avec Katie Featherston, Micah Sloat, Mark Fredrichs, Amber Armstrong, Ashley Palmer, Crystal Cartwright, Tim Piper
THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA PARANORMAL ACTIVITY
Tourné en dix jours par un réalisateur débutant dans sa propre maison, avec un budget de moins de quinze mille dollars, Paranormal Activity a rapporté plus de neuf millions de dollars lors de sa première semaine d’exploitation en salle aux États-Unis. Un tel succès éclair ne pouvait laisser indifférent, et le premier long-métrage d’Oren Peli a aussitôt divisé l’opinion. Négation opportuniste de toute mise en scène pour les uns, film le plus terrifiant de la décennie pour les autres, Paranormal Activity a fait couler beaucoup d’encre, d’autant qu’un certain Steven Spielberg aurait été – dit-on – fort impressionné par le métrage avant sa distribution, influant même sur le tournage de son climax. Qu’en est-il au juste ?
Quelques mots du scénario s’imposent. Paranormal Activity raconte la mésaventure d’un jeune couple, Katie et Micah, dont l’appartement devient, la nuit, le théâtre de phénomènes paranormaux de plus en plus inquiétants. Résolu à éclaircir le mystère, Micah s’équipe d’une caméra vidéo qu’il relie à son ordinateur et décide de filmer leur chambre à coucher, épicentre des phénomènes, chaque nuit, afin de visionner le lendemain les images en accéléré. Le reste du temps, il se filme lui-même avec sa compagne, au grand dam de celle-ci qui finit par trouver cette omniprésence vidéo trop envahissante. Lorsque les manifestations surnaturelles s’amplifient, nos tourtereaux convoquent un spécialiste de l’occultisme. Ce dernier, persuadé qu’aucun fantôme ne hante l’appartement, est convaincu en revanche de la présence d’un démon, pourchassant Katie depuis son plus jeune âge, et bien décidé à s’emparer d’elle…
Coup d’arnaque ou coup de génie ?
Le sujet est intrigant, il faut bien le reconnaître, et le jeune réalisateur décide de sacrifier à la mode du tournage vidéo amateur en caméra subjective pour respecter son maigre budget. Le Projet Blair Witch affleure donc forcément à notre mémoire, ainsi que d’autres tentatives plus récentes telles [Rec] ou Cloverfield. Mais Paranormal Activity se distingue de ses aînés par une composante essentielle : la plupart du temps, sa caméra n’est pas en mouvement mais fixe, puisqu’elle filme en plan-séquence le couple endormi. L’astuce consiste alors à accélérer l’image, avec un décompte des heures qui passent, jusqu’à un brusque retour à la vitesse réelle, prélude de chaque événement étrange. Conditionné, le public se prépare alors au pire. Dès lors, les effets les plus basiques (bruit sourd, porte qui bouge seule, ombre qui se déplace, lumière qui s’allume ou s’éteint) ont un impact inouï sur les spectateurs, dont l’imagination est activement sollicitée pour combler les vides. Plus le film avance, plus la thèse du démon semble se confirmer, jusqu’à ce que Micah emprunte un stratagème au Maupassant du « Horla » : couvrir le sol d’une poudre blanche pour voir si des empreintes y apparaissent. Le résultat s’avèrera des plus troublants… Alors, Paranormal Activity est-il une esbroufe pour midinettes en mal d’émotions fortes ou un nouveau chef d’œuvre de l’épouvante cinématographique ? Honnêtement, ni l’un ni l’autre. C’est un film malin dans son concept mais limité dans ses ambitions, qui fonctionne très bien dans l’instant mais ne laissera probablement aucun souvenir impérissable.
© Gilles Penso
Partagez cet article