Sur une île perdue dans le Pacifique, un groupe de scientifiques découvre Godzilla, son fils Minya et de redoutables invertébrés géants
KAIJUTO NO KESSEN
1967 – JAPON
Réalisé par Jun Fukuda
Avec Tadao Takashima, Akira Kubo, Beverly Maeda, John Wembley, Kenji Sahara, Dick Kennedy, Charles Simon
THEMA DINOSAURES I INSECTES ET INVERTÉBRÉS I ARAIGNÉES I SAGA GODZILLA
Jun Fukuda avait pris le relais d’Inoshiro Honda en 1966 avec Ebirah contre Godzilla. Il continue d’apposer sa patte sur la série Godzilla en poursuivant sa quête du public le plus familial et le plus jeune possible. Les traumatismes d’Hiroshima et des grandes catastrophes naturelles, la noirceur quasi-documentaire des années 50, le sens du sacrifice et de l’honneur mélodramatiques se sont étiolés au cours de la décennie en cours, et ce processus s’accélère avec La Planète des monstres. Ici, nous faisons connaissance pour la première fois avec Minya (contraction de « Mini-Godzilla »), le fils du Roi des Monstres, autrement dit une sorte de bibendum en latex qui pousse tour à tour des cris de bébé ou des hennissements d’âne, qui crache des ronds de fumée radioactifs et qui prend la queue de son père pour une corde à sauter. Une interrogation taraude alors le public : mais qui est la mère ? Une question similaire se posait d’ailleurs dès 1933 face au sympathique mais improbable Fils de King Kong d’Ernest B. Schoedsack.
Tout commence ici lorsque le professeur Kusumi et des chercheurs japonais préparent sur une île déserte du Pacifique une expérience devant permettre de réchauffer la température de l’air. A cet effet, la majeure partie du film est tournée sur l’île de Guam, dans l’archipel des Mariannes, ce qui permet à l’équipe de tirer au mieux parti d’extérieurs naturels exotiques. Nos héros font bientôt face aux Gimantis, de redoutables mantes religieuses géantes. Celles-ci découvrent un œuf géant qu’elles entreprennent de briser. De la coquille surgit donc Minya, qu’elles cherchent aussitôt à occire sans autre forme de procès. Mais papa Godzilla surgit bientôt de la mer et élimine deux des trois insectes agressifs. Cette séquence particulière est filmée dans un bassin d’un mètre cinquante de profondeur, édifié sur l’un des plus vastes plateaux de la compagnie Toho, à Setagaya. Le tournage est d’ailleurs une véritable épreuve de force pour Haruo Nakajima, interprète du monstre, qui se retrouve propulsé à la surface par un chariot monté sur rails, engoncé dans son costume de latex trop lourd et gorgé d’eau !
Dans la toile de Spiga
Ne s’étonnant pas outre mesure de la présence de monstres aussi peu communs sur leur lieu de travail, nos scientifiques, accompagnés par le jovial journaliste Maki Goho, se réfugient dans la caverne de Reiko, une jeune indigène peu farouche qui entonne des chansons guillerettes lorsqu’elle souhaite attirer Minya. Rien ne va plus lorsque Spiga, une araignée géante cracheuse de toiles, attaque la caverne et manque de tuer le reporter et la sauvageonne. Surgie à point nommé, la mante religieuse survivante s’en prend à l’araignée mais périt bientôt sous ses assauts. Un dernier combat oppose alors Spiga à Godzilla… Si le design du dinosaure radioactif s’avère de moins en moins effrayant et si celui de son rejeton laisse légitimement perplexe, les Gimantis et Spiga bénéficient de plus de soin, les traditionnels acteurs costumés étant remplacés à l’occasion par de grosses marionnettes mécaniques animées par Fumio Nakadai. Les effets spéciaux les plus réussis sont finalement les plans composites combinant monstres et humains, ainsi que quelques très jolies maquettes. La Planète des monstres reste donc anecdotique, mais on imagine sans mal qu’il ait pu s’attirer les faveurs d’un très jeune public inconditionnel.
© Gilles Penso
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