Une entité démoniaque surgit d’une télévision et contamine les habitants d’un immeuble ultra-moderne
DEMONI 2
1986 – ITALIE
Réalisé par Lamberto Bava
Avec David Knight, Nancy Brilli, Coralina Catadi-Tassoni, Bobby Rhodes, Asia Argento
THEMA DIABLE ET DÉMONS I CINÉMA ET TÉLÉVISION
Démons étant l’un des plus grands succès de Lamberto Bava, une séquelle est concoctée dès l’année suivante. Dans Démons 2, l’action ne se situe plus dans une salle de cinéma mais dans l’appartement d’un immeuble ultra-moderne où la jeune Sally fête ses seize ans en compagnie de plusieurs amis. Chacun des protagonistes du futur drame nous est présenté à la manière d’un film catastrophe : les joyeux fêtards, une femme enceinte et son époux, des enfants, une voisine et son chien, les adeptes d’un club de sport… La menace est déjà palpable à tous les étages, même si elle n’est pour l’instant qu’insidieuse. S’éclipsant dans sa chambre pour regarder la télévision, Sally découvre un film d’horreur dans lequel un groupe de jeunes gens se promène dans une zone interdite laissée à l’abandon. Plus intéressant et visuellement plus original que le mausolée de Démons, ce site sinistre est hérissé de bâtiments désaffectés et jonché de voitures poussiéreuses. Malencontreusement, une des filles du groupe se coupe, et son sang se met à couler sur le cadavre pétrifié d’un démon qui, illico, revient à la vie par l’entremise d’effets spéciaux inventifs et très graphiques.
La résurrection du démon est obtenue en faisant fondre une tête en cire et en passant la séquence à l’envers. Le visage du monstre se couvre ensuite de veines rouges image par image, tandis que sa peau pétrifiée reprend des couleurs. La suite de la séquence ne démérite pas, puisque le démon surgit alors de l’écran de télévision, qui semble devenu étrangement souple, et agresse Sally. Cette image surréaliste évoque Vidéodrome et Freddy 3, et annonce même avec douze ans d’avance l’un des moments les plus mythiques du Ring de Hideo Nakata. S’il reprend le principe de Démons pour l’adapter au petit écran, Démons 2 bénéficie d’une mise en scène plus nerveuses, d’effets spéciaux mieux soignés, de décors plus riches et de situations plus originales. Une fois n’est pas coutume, cette séquelle ne se contente donc pas de surenchérir mais plutôt d’enrichir le potentiel du film qui la précéda. Attaquée par le démon surgi de son téléviseur, Sally se métamorphose à son tour en créature infernale, toujours sous les bons auspices du maquilleur spécial Sergio Stivaletti. La contamination va progressivement gagner l’ensemble de ses invités, les monstres semant dès lors la terreur à tous les étages. A l’instar d’Alien, le sang des démons est acide et traverse les planchers, d’étage en étage, accélérant la propagation de la contagion et coupant l’électricité dans tout l’immeuble.
Une débutante nommée Asia Argento
Lamberto Bava déborde d’imagination et de folie pour exploiter au maximum son postulat délirant, osant des scènes impensables comme cet enfant démon qui attaque une femme enceinte puis s’écroule, son ventre s’ouvrant alors pour expulser une espèce de Gremlin grimaçant du plus curieux effet ! Nous avons également droit à un chien démon particulièrement impressionnant qui attaque sa maîtresse après une métamorphose particulièrement baveuse. Réservant la part belle aux scènes d’action musclées (l’escalade dans la cage d’ascenseur, les explosions et cascades de voitures dans le parking), Démons 2 se réserve aussi quelques moments d’humour décomplexés, à travers le groupe de bodybuilders qui s’efforce d’organiser une résistance dans le sous-sol du bâtiment, sous la poigne de fer d’un professeur de sport (Bobby Rhodes) qui assure un maigre lien entre les deux films. Plus eighties que jamais (le look des personnages, les décors et les costumes font presque office de pièces de musées !), le film bénéficie comme le précédent d’une bande originale compilant les morceaux de groupes de rock de l’époque, même si le hard rock cède ici volontiers le pas à la new wave, signe des temps. Suivant la trace de sa sœur aînée Fiore sur le premier Démons, on note qu’Asia Argento, alors âgée de neuf ans, fait ici sa première apparition à l’écran, sous la supervision de papa Dario qui, bientôt, fera d’elle son actrice fétiche.
© Gilles Penso
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