Le second volet des aventures du « club des ratés » confronte nos héros devenus adultes à un Pennywise plus déchaîné que jamais
IT : CHAPTER TWO
2019 – USA / CANADA
Réalisé par Andrés Muschietti
Avec Jessica Chastain, James McAvoy, Bill Hader, James Ransone, Bill Skarsgård, Jack Ryan, Isaiah Mustafa, Andy Bean, Xavier Dolan, Taylor Frey
THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA STEPHEN KING
Dès son entrée en production, le Ça d’Andrés Muschietti est envisagé comme le premier volet d’un diptyque, conformément au roman en deux parties de Stephen King dont il s’inspire. Le second chapitre est donc prévu depuis le début du projet, et n’aurait été abandonné que si le premier film s’était avéré être un échec commercial retentissant. Or Ça est un triomphe, dépassant toutes les espérances les plus optimistes de ses producteurs. Deux semaines après son arrivée sur les écrans, la date de sortie américaine de la seconde partie est donc annoncée par des distributeurs enthousiastes. La bride sur le cou, le réalisateur est libre de ses choix. Non content de s’intéresser cette fois-ci à ses protagonistes devenus adultes (suivant à la fois la voie du roman et celle de l’adaptation télévisée de 1990), il en profite pour truffer sa narration de flash-backs mettant en scène les enfants du premier film. Pour y parvenir, il exploite un grand nombre de séquences coupées de Ça et convoque à nouveau ses jeunes comédiens. Petit problème : entretemps, les graines de star en pleine croissance ont gagné quelques centimètres et même de la pilosité ! Qu’à cela ne tienne, leur corps sera rasé pour les scènes de baignade et leur visage sera rajeuni numériquement. Ces retouches coûteuses, généralement réservées aux blockbusters façon Marvel, ne freinent pas les producteurs de Ça : Chapitre 2. On ne refuse rien au réalisateur qui sut emplir à ras-bord les tiroir-caisse de billets verts !
Vingt-sept ans se sont écoulés depuis les événements relatés dans le premier chapitre de Ça et les enfants devenus adultes ont tous quitté Derry et ont peu à peu effacé de leur mémoire leur éprouvant affrontement avec la créature métamorphe aux allures de clown monstrueux. Tous sauf un. Mike est en effet resté sur place et collectionne depuis toutes les informations qui pourraient être nécessaires à l’organisation d’une lutte au cas où la Bête ressurgirait de son antre. Or le sinistre Pennywise semble bien sur le point de repasser à l’attaque après sa longue absence. A l’appel de Mike, le « club des ratés » se reconstitue donc mais le cœur n’y est plus vraiment. En revenant à Derry, les souvenirs reviennent peu à peu, certains empreints de nostalgie, d’autres franchement terrifiants. Les liens entre les membres du groupe sont plus lâches que jadis, mais lorsque le monstre revient les hanter, seul l’effort collectif saura lui opposer une résistance digne de ce nom…
Un film trop généreux ?
Le casting adulte de ce second chapitre fit couler beaucoup d’encre jadis et toutes les conjectures étaient envisageables. Si Jessica Chastain était pressentie dès le début pour incarner la contrepartie quadragénaire de Sophia Lillis dans le rôle de Beverly (la comédienne avait déjà travaillé avec Muschietti sur Mama et fut envisagée par le réalisateur alors que le premier film était encore en tournage), le choix des autres comédiens était moins évident. Or tous rivalisent de conviction et de crédibilité dans la peau de ces « ratés » de retour sur les lieux du drame. C’est l’un des points forts du films, l’autre étant la mise en forme toujours aussi élégante d’un cinéaste au talent indiscutable. Mais, porté par le succès inespéré du film précédent, Muschietti est sans doute trop confiant, étirant son récit sur presque trois heures de métrage. Désireux d’être le plus fidèle possible au livre, il surcharge son film de séquences qui finissent par se répéter, comme s’il oubliait que la dramaturgie filmique n’obéit pas aux mêmes règles que celle d’un livre. D’où une certaine théâtralisation mécanique des événements : une collection de scènes choc qui se juxtaposent, et des retrouvailles quasi systématiques de tout le monde dans le hall de la chambre d’hôtel pour faire le point sur la situation. L’autre défaut majeur de ce second Ça est son recours trop appuyé aux effets spectaculaires, de la statue géante qui s’anime dans le parc à la titanesque araignée-clown du climax en passant par ce clin d’œil parfaitement gratuit à The Thing. Plus de suggestion n’aurait pas nui. Emporté par son élan, Andrés Muschietti livre un premier montage de quatre heures, avant d’arriver aux 2h49 finales du métrage. Toutes ces scènes coupées pourraient être selon lui réutilisées dans un éventuel troisième film rattaché à la franchise. Décidément, rien ne se perd, tout se transforme…
© Gilles Penso
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