Réveillés du bloc de glace où ils étaient prisonniers depuis la préhistoire, un Mégalodon et une pieuvre géante sèment la panique…
MEGA SHARK VERSUS GIANT OCTOPUS
2009 – USA / GB
Réalisé par Jack Perez
Avec Deborah Gibson, Lorenzo Lamas, Vic Chao, Sean Lawlor, Jonathan Nation, Mark Hengst, Michael Teh, Chris Haley, Dustin Harnish
THEMA MONSTRES MARINS I SAGA MEGA SHARK
Fondée en 1997, la bien-nommée compagnie de production The Asylum s’est rapidement spécialisée dans l’exercice du « mockbuster », autrement dit l’imitation à tout petit budget des grands succès hollywoodiens. Armageddon, Universal Soldier, Je suis une légende, Transformers, Fast and Furious, La Guerre des mondes, tous les hits musclés ont droit à leur version low-cost, ce qui a tendance à faire régulièrement grincer des dents les avocats des grands studios. Tout en continuant sur cette lancée relativement rentable, les joyeux drilles de The Asylum se laissent séduire par une tendance amorcée avec le Peur Bleue de Renny Harlin et la série Shark Attack produite par Nu Image : le film de requins. Les squales monstrueux pullulant plus que de raison depuis le début des années 2000, les producteurs David Michael Latt et David Rimawi apportent leur pierre à cet étrange édifice en proposant un concept que résume laconiquement le titre Mega Shark Versus Giant Octopus : l’affrontement entre un requin géant et une pieuvre surdimensionnée. Aux commandes de cette minuscule production aux grandes ambitions, Jack Perez (Sexcrimes 2, L’île des insectes mutants) fait ce qu’il peut avec les douze jours de tournage à sa disposition, c’est-à-dire pas grand-chose…
Tout commence au large de l’Alaska. L’océanographe Emma MacNeil (incarnée sans une once de crédibilité par la chanteuse pop Deborah Gibson) a emprunté sans autorisation un bathyscaphe expérimental pour partir étudier la migration des baleines. Or juste au-dessus d’elle, un hélicoptère de l’armée lance un sonar dans l’eau. Les conséquences sont catastrophiques : désorientées, les baleines heurtent un immense glacier dans lequel étaient retenues prisonnières deux créatures préhistoriques : un Mégalodon (autrement dit un requin géant qui vivait il y a des dizaines de millions d’années) et une pieuvre tellement grande que le céphalopode de 20 000 lieues sous les mers ressemblerait presque à un beignet de calamar à côté d’elle. Enfin libres, les titans marins se mettent à semer la panique, la mort et la destruction dans tous les océans. Renvoyée de l’institut qui l’employait pour cause d’insubordination, notre vaillante océanographe joint ses efforts à ceux d’un ancien paléontologue de la Navy (Lorenzo Lamas, ancienne star des ménagères des années 80 qui se souviennent avec émoi de ses rôles récurrents dans Falcon Crest et Amour, gloire et beauté) pour mener l’enquête. Bientôt, un sympathique chercheur japonais (Vic Chao) se joint à eux. Après s’être longtemps creusé la tête, nos trois scientifiques arrivent à la même conclusion que les héros de King Kong contre Godzilla : pour se débarrasser des monstres, il faut les attirer l’un vers l’autre et les pousser à s’entretuer…
Les câlins de la pieuvre et le saut du requin
Mega Shark Versus Giant Octopus n’a aucun complexes. Malgré des effets spéciaux au rabais et des images de synthèse risibles, le film accumule les séquences excessives et irrationnelles. Tandis que la pieuvre géante attaque une plateforme pétrolière japonaise en lui octroyant un gigantesque câlin avec ses tentacules démesurés, puis fait exploser en vol un avion de chasse avant d’envoyer par le fond toute une flotte de sous-marins, le requin n’est pas en reste puisqu’il joue à la bataille navale avec les navires de guerre américains, croque un pont autoroutier à San Francisco et – il faut le voir pour le croire – s’envole dans le ciel pour heurter un Boeing 747 ! Pour grotesques qu’elles soient, ces séquences sont – involontairement – drôles. Mais elles ne sont pas si fréquentes, la majorité du métrage étant consacrée à de longs dialogues pseudo-spirituels, des joutes verbales interminables entre l’armée et les savants, des expériences chimiques à répétition (qui consistent principalement à mélanger des liquides colorés dans des tubes à essai et à regarder le résultat d’un air inspiré) et une idylle saugrenue entre l’océanographe et son homologue nippon. Jack Perez tente bien de cacher la misère avec une infinité de jolis plans de couchers de soleil sur l’océan Atlantique et une succession d’étranges effets de flash qui scandent régulièrement les séquences d’action, mais rien n’y fait : Mega Shark Versus Giant Octopus est un nanar navrant dont la fin laisse la porte ouverte vers une possible séquelle. Et effectivement, malgré sa médiocrité, ce film sera le premier chapitre d’une petite saga aquatique.
© Gilles Penso
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