On croyait avoir tout vu en matière de monstres cinématographiques… C’était compter sans les castors zombies !
ZOMBEAVERS
2014 – USA
Réalisé par Jordan Rubin
Avec Rachel Melvin, Cortney Palm, Lexi Atkins, Hutch Dano, Jake Weary, Peter Gilroy, Rex Linn, Brent Briscoe, Phyllis Katz, Robert R. Shafer
THEMA MAMMIFÈRES I ZOMBIES
En 2012, Al Kaplan, Jordan Rubin et Jon Kaplan développent une idée absurde qui, selon eux, pourrait donner naissance à une sympathique comédie d’horreur : une prolifération de castors zombies. Deux ans plus tard, le projet se concrétise. Sur la base d’un scénario détaillé et d’une sorte de teaser qu’ils bricolent en recyclant des images empruntées autant au cinéma d’horreur qu’au documentaire animalier, ils parviennent à convaincre les compagnies BenderSpink et Armory Films de financer le film. L’un des trois membres du trio, Jordan Rubin, qui avait jusqu’alors écrit et réalisé des programmes pour le petit écran, principalement pour MTV, se retrouve chargé de la mise en scène de Zombeavers. Avec à sa disposition un budget très modeste, 21 jours de tournage, une petite troupe de comédiens et des décors majoritairement naturels captés en Californie, Rubin tente de rendre justice au potentiel horrifico-gore de ce script délirant écrit à six mains.
L’entrée en matière de Zombeavers, qui nous ramène aux grandes heures des productions Troma, montre la camionnette d’un institut médical transportant des futs de liquides chimiques indéterminés. Derrière le volant, deux chauffeurs idiots échangent des anecdotes navrantes et finissent par heurter de plein fouet une biche, sans voir qu’un des bidons se détache et tombe dans la rivière, traversant les eaux comme le panier de Moïse sur le Nil. Le fût finit sa course aquatique devant deux castors qui le regardent d’un air perplexe tandis qu’un liquide vert s’en échappe. C’est alors que trois copines à peu près aussi stupides que les chauffeurs de la camionnette (le niveau des dialogues vaut son pesant de cacahuètes) viennent passer le week-end dans la région, autrement dit au beau milieu de la campagne, pour aider l’une d’entre elles à surmonter sa récente rupture. Le soir venu, des garçons les rejoignent pour une partie de jambes en l’air, prétexte à une généreuse salve de nouvelles blagues graveleuses. C’est le moment que choisissent les castors zombies pour passer à l’attaque…
La nuit des castors vivants !
Le cahier des charges de Zombeavers est donc assez simple : de l’humour au ras des pâquerettes, du gore cartoonesque et un peu de nudité gratuite. Les petits monstres aux dents longues sont de simples marionnettes sommairement animées, œuvre de l’équipe de Creature Effects supervisée par Mark Rappaport (vétéran des effets spéciaux depuis Running Man et Les Clowns tueurs venus d’ailleurs). Le film se pare donc d’une certaine saveur « années 80 » dont ne l’aurait pas doté le recours aux images de synthèse. Ce choix technique est probablement dicté en partie par le faible budget du film, mais il permet à Zombeavers d’assumer pleinement le caractère improbable de son argument fantastique. Quelques classiques du genre servent de référence à une poignée de séquences, notamment ce moment où les jeunes héros sont contraints de s’isoler sur un ponton au milieu du lac (exactement comme dans Creepshow 2), ou encore l’assaut de la maison barricadée qui nous renvoie bien sûr à La Nuit des morts-vivants. Certes, le concept est drôle, mais il ne suffit visiblement pas à alimenter le scénario d’un long-métrage, si court fut-il (moins d’une heure vingt de métrage). Le récit se contente donc de sa situation de départ et patine bien vite, malgré un rebondissement savoureux – mais sous-exploité – qui montre la transformation de ceux qui ont été mordus par les bêtes en zombies mi-humains mi-castors, avec dents proéminentes et queue plate ! Plaisant, donc, mais très anecdotique.
© Gilles Penso
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