DESTRUCTION PLANÈTE TERRE (1977)

Une invasion extra-terrestre parfaitement improbable avec Christopher Lee dans un double-rôle involontairement drôle

END OF THE WORLD

 

1977 – USA

 

Réalisé par John Hayes

 

Avec Christopher Lee, Sue Lyon, Kirk Scott, Dean Jagger, Lew Ayres, Macdonald Carey, Liz Ross, Jon Van Ness, Kathe Cunha

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA CHARLES BAND

Très prolifique à la fin des années 70 malgré son jeune âge, Charles Band a déjà produit (et parfois réalisé) le pastiche sexy Last Foxtrot in Burbank, le film d’horreur Massacre Mansion, le thriller paranormal Crash et le conte de fée érotico-musical Cinderella. Avec Destruction planète Terre, il s’attaque à la science-fiction. Mais suite à ses déconvenues avec le distributeur Brandon Chase (qui a récupéré l’argent du bénéfice de ses trois précédents films sans lui laisser la moindre part du gâteau), Band change de partenaire et se tourne vers Irwin Yablans, sous les conseils de John Carpenter en personne (qui fut le monteur de Last Foxtrot in Burbank sous le pseudonyme de John T. Casino). Yablans étant friand de têtes d’affiche, Band lui déniche Christopher Lee pour la modique somme de 50 000 dollars. Le cachet est modeste pour une star de cet acabit… mais le budget global du film est de 150 000 dollars ! Il faut donc se serrer la ceinture. L’expérience du tournage de Destruction planète Terre fut heureuse, mais il faut avouer que le résultat n’est qu’un nanar absurde bourré de défauts et de maladresses malgré quelques idées non dénuées d’intérêt. 

La scène pré-générique attise pourtant notre curiosité. Dans un bar, un curé qui a la tête de Christopher Lee (et pour cause) surgit en panique, soucieux d’appeler la police dans les plus brefs délais. Mais soudain, le téléphone explose, tout comme la machine à café qui ébouillante le cuisinier derrière son comptoir. Désemparé, notre homme d’église rebrousse chemin et se retrouve dans un couvent où son sosie semble l’attendre de pied ferme. Voilà qui est curieux, n’est-ce pas ? Le reste du film n’a pourtant rien de bien palpitant. Tout à fait insipide, Kirk Scott incarne le professeur Boran, un scientifique au brushing impeccable qui capte de mystérieux signaux en provenance de l’espace. Avec sa blonde épouse Sylvia (Sue Lyon), il décide de partir en quête de la source de ces messages. Leurs pérégrinations les mènent dans un bunker militaire où sont soigneusement écoutés les messages que les Russes transmettent à la Terre depuis l’espace (une scène parfaitement inutile qui s’efforce de relancer une intrigue en sérieuse perte de vitesse) puis dans un couvent aux atours très innocents. Mais ce n’est qu’une apparence, bien sûr, puisque six nonnes et le curé y ont été remplacés par des extra-terrestres ! Or ces derniers ont le mal du pays et retourneraient bien chez eux. Pour y parvenir, ils ont besoin d’un cristal que possède le laboratoire qui emploie Boran…

La machine qui téléporte les nonnes

Dans le double rôle de l’homme à la soutane et de son clone venu d’ailleurs, Christopher Lee délivre sans convictions quelques dialogues laconiques, mais passe surtout son temps à lancer des regards inquiétants dans un habit clérical qui ressemble à s’y méprendre à la cape sombre de Dracula. Trompé par Charles Band qui lui promit de donner la réplique à d’autres comédiens de sa trempe (comme John Carradine ou José Ferrer), il promène tristement sa silhouette altière dans ce long-métrage absurde, incohérent, languissant et particulièrement inintéressant, que n’améliorent ni sa photo hideuse, ni sa musique synthétique digne d’un film érotique des années 70. Pour se draper de respectabilité, les dialogues se surchargent de jargon technique nébuleux, mais dès que les effets spéciaux entrent en jeu, à travers la machine qui téléporte les nonnes, les zygomatiques se déclenchent sans tarder ! Vers la fin du film – et celle du monde en même temps, comme l’annonce sans détour le titre original – tout un tas de stock-shots de maquettes empruntés un peu partout montrent les catastrophes qui s’abattent soudain sur la Terre : volcans qui entrent en éruptions, barrages qui cèdent, inondations… Mais la plupart des spectateurs, eux, sont déjà tombés dans les bras de Morphée.

 

© Gilles Penso

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