Tim Burton s'intéresse à son thème favori - la marginalité - en y injectant une bonne dose d'autobiographie
MISS PEREGRINE’S HOME OF PECULIAR CHILDREN
2016 – USA
Réalisé par Tim Burton
Avec Asa Butterfield, Eva Green, Terence Stamp, Samuel L. Jackson, Ella Purnell, Cameron King, Lauren McCrostie
THEMA CONTES I VOYAGES DANS LE TEMPS I POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA TIM BURTON
C’est avec subtilité que Miss Peregrine et les Enfants Particuliers fait glisser ses spectateurs de la banalité vers la fantasmagorie, facilitant notre entrée dans ce pensionnat d’un autre âge où Eva Green, dans un rôle bien plus positif que celui de la sorcière de Dark Shadows, veille sur de bien étranges bambins. Emma pèse le poids d’une plume, Millard est un garçon invisible, Olive contrôle le feu, Fiona fait surgir les légumes de la terre, Enoch donne vie aux choses inanimées, Bronwyn a une force herculéenne, Hugh crache des abeilles, Claire a une gueule carnassière derrière la tête, Horace projette l’image de ses rêves… Tous ces enfants et cette école spéciale nous font penser à une version années 40 des X-Men dont Peregrine serait l’équivalent du professeur Xavier. Une scène très étonnante montre la remise à zéro de la boucle temporelle qui protège tout ce beau monde : les bombardiers allemands survolent le pensionnat une nuit d’averse, puis l’action se rembobine et la journée recommence. Cette boucle permet aux protégés de Miss Peregrine d’échapper à la menace des Faucheurs, d’anciens enfants particuliers qui, menés par le maléfique Barron (Samuel L. Jackson), se sont mués en abominables monstres sans yeux en cherchant à atteindre l’immortalité.
Le pensionnat des mutants
Le casting disparate du film est dominé par le charisme du tout jeune Asa Butterfield qui, avec son regard clair, sa tignasse brune et son visage d’adolescent trop sérieux, aurait été un Peter Parker formidable (il fut pressenti pour jouer Spider-Man dans Captain America : Civil War). Avec une mère inexistante et un père maladroit, son personnage se réfugie naturellement auprès de son grand-père. Le parallèle avec Tim Burton (« enfant particulier » par excellence) saute aux yeux, ce dernier ayant préféré vivre avec sa grand-mère dès l’âge de dix ans à cause d’une mésentente avec ses parents. Miss Peregrine et les Enfants Particuliers regorge de belles séquences surréalistes, comme le plongeon dans l’épave du navire, Emma qui flotte au bout d’une ficelle comme un cerf volant ou le surgissement du vieux navire à la surface des flots. Toujours prêt à rendre hommage à Ray Harryhausen, Tim Burton utilise la stop-motion pour animer les combats de pantins monstrueux et hybrides qu’Enoch s’amuse à organiser. Et pour ceux qui n’auraient pas saisi l’allusion, le cinéaste orchestre une bataille délirante au milieu d’une fête foraine entre quatre Faucheurs et une armée de squelettes qui semblent tout droit échappés de Jason et les Argonautes. Car chez Burton, le passé revient toujours hanter le présent.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 2012.
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