

« Le processus de l’évolution peut être considéré comme
une succession de mutations. »
(Robert Silverberg)
Il y a un peu plus d’un siècle, l’homme découvrait que la vie, dans toute sa diversité, n’était pas figée mais en perpétuelle transformation. À la faveur des travaux pionniers de Gregor Mendel sur l’hérédité, puis de ceux de Charles Darwin sur l’évolution, les scientifiques commencèrent à entrevoir les lois mystérieuses qui régissent les transformations du vivant. Mais c’est au début du XXe siècle, avec la découverte des mutations génétiques que s’ouvrit un nouveau chapitre. En identifiant ces erreurs spontanées de la nature, parfois bénéfiques, parfois délétères, les biologistes comprirent que l’évolution elle-même reposait en partie sur le hasard, et que des créatures radicalement nouvelles pouvaient surgir d’un simple accident moléculaire.Dès lors, l’imagination des écrivains s’enflamma. L’idée qu’un être humain, un animal, ou même une plante puisse subir une transformation profonde, imprévisible et irréversible fit naître un nouveau mythe moderne : celui de la mutation. Un mythe scientifique, cette fois, enraciné dans les certitudes de la génétique, mais capable de toutes les extrapolations. Très vite, les romans populaires s’emparèrent du thème, donnant naissance à des créatures difformes, des humains aux capacités surhumaines ou à des sociétés entièrement transformées par une explosion de mutations. Des auteurs comme H.G. Wells ou John Wyndham en firent un terrain fertile pour interroger les peurs et les espoirs liés au progrès biologique.
Il était inévitable que le cinéma, toujours friand de métaphores spectaculaires, reprenne à son compte cette idée fascinante : celle d’un monde en perpétuelle métamorphose. La mutation procède d’un phénomène réel, observé en laboratoire, mais dont les implications nourrissent les scénarios les plus insensés. Dès les années 1950, l’écran se peupla de créatures mutantes, fruits des radiations atomiques, de virus venus de l’espace ou de manipulations scientifiques hasardeuses. Parfois bénigne, souvent monstrueuse, la mutation devient le révélateur d’un monde instable, où la frontière entre l’homme et l’autre se brouille irrémédiablement. Dans la fiction, elle incarne le vertige de la transformation : ce point de bascule où l’individu cesse d’être ce qu’il était pour devenir quelque chose d’inconnu – parfois supérieur, parfois terrifiant, toujours autre. À l’heure des biotechnologies, du clonage et du séquençage du génome, la mutation demeure l’un des grands fantasmes de la science-fiction moderne : celui d’une humanité qui, en voulant maîtriser son destin biologique, pourrait bien libérer des forces qu’elle ne comprend pas encore.
© Gilles Penso
FILMS CHRONIQUÉS
1955: Le Monstre de Val Guest
1955: Les Survivants de l’infini de Joseph Newman
1956: La Créature est parmi nous de John Sherwood
1956: Day the World Ended de Roger Corman
1957: Le Cyclope de Bert I. Gordon
1958: L’Homme H d’Inoshiro Honda
1958: Le Monstre des abîmes de Jack Arnold
1959: Le Mort dans le filet de Fritz Boettger
1960: Le Voyageur de l’espace d’Edgar G. Ulmer
1961: La Bête de Yucca Flats de Coleman Francis
1963: Matango d’Inoshiro Honda
1963: Les Damnés de Joseph Losey
1965: La Malédiction de la mouche de Don Sharp
1965: Le Messager du diable de Daniel Haller
1969: La Vampire nue de Jean Rollin
1971: Godzilla contre Hedora de Yoshimitsu Banno
1971: Le Survivant de Boris Sagal
1972: Doomwatch de Peter Sasdy
1973: La Nuit des fous vivants de George A. Romero
1974: Frissons de David Cronenberg
1976: The Oily Maniac de Meng-Hua Ho
1977: Le Monstre qui vient de l’espace de William Sachs
1977: Le Rayon bleu de Jeff Lieberman
1978: Les Raisins de la mort de Jean Rollin
1979: Prophecy : le monstre de John Frankenheimer
1982: Mutant d’Alan Holzman
1982: Parasite de Charles Band
1983: Videodrome de David Cronenberg
1984: C.H.U.D. de Douglas Cheek
1984: Gremlins de Joe Dante
1984: Mutant de John Bud Cardos
1986: La Mouche de David Cronenberg
1987: Creepozoïds de David deCoteau
1987: Atomic College de Richard W. Haines et Samuel Weil
1987: La Malédiction céleste de David Keith
1987: Slave Girls – Esclaves du futur de Ken Dixon
1987: Street Trash de Jim Muro
1988: Elmer le remue-méninges de Frank Henenlotter
1989: Society de Brian Yuzna
1989: Tetsuo de Shinya Tsukamoto
1989 : Toxic Avenger 2 de Michael Herz et Lloyd Kaufman
1989 : Toxic Avenger 3 de Michael Herz et Lloyd Kaufman
1990: Gremlins 2 de Joe Dante
1990: Metamorphosis : the Alien Factor de Glen Takakjian
1991: Class of Nuke’Em High 2 d’Eric Louzil
1992: Tetsuo 2 de Shinya Tsukamoto
1993: Body Trash de Philip Brophy
1994: La Cité des monstres d’Alex Winter et Tom Stern
1995: Josh Kirby : Time Warrior ! chapitre 2 – The Human Pets de Frank Arnold
1995: La Mutante de Roger Donaldson
1996: Killer Tongue d’Alberto Sciamma
1997: Jack Frost de Michael Cooney
1999: Phantom Town de Jeff Burr
2000: Jack Frost 2 de Michael Cooney
2000: Uzumaki de Higuchinsky
2000: X-Men de Bryan Singer
2001: Earth vs. the Spider de Scott Ziehl
2001: Evolution d’Ivan Reitman
2002: Cabin Fever d’Eli Roth
2003: X-Men 2 de Bryan Singer
2005: La Crypte de Bruce Hunt
2005: Doom d’Andrzej Barthoviak
2005: Horribilis de James Gunn
2006: X-Men: l’affrontement final de Brett Ratner
2007: Mulberry Street de Jim Mickle
2007: Planète Terreur de Robert Rodriguez
2007: Eden Log de Franck Vestiel
2007: Je suis une légende de Francis Lawrence
2007: Teeth de Mitchell Lichtenstein
2008: The Burrowers de J.T. Petty
2009: Mutants de David Morley
2010: The Crazies de Breck Eisner
2010: Infectés de David et Alex Pastor
2011: Perfect Sense de David Mackenzie
2011: X-Men: le commencement de Matthew Vaughn
2012: Dead Shadows de David Cholewa
2013: Bad Milo ! de Jacob Vaughan
2013: Wolverine, le combat de l’immortel de James Mangold
2014: X-Men: Days of Future Past de Bryan Singer
2016: Cell Phone de Tod Williams
2016: L’Attaque des donuts tueurs de Scott Wheeler
2016: Evolution de Lucile Hadzihalilovic
2017: Hostile de Mathieu Turi
2018: Annihilation d’Alex Garland
2018: Climax de Gaspar Noé
2019: La Couleur tombée du ciel de Richard Stanley
2019: X-Men Dark Phoenix de Simon Kinberg
2021: Black Friday de Casey Tebo
2021: Old de M. Night Shyamalan
2021: Resident Evil : bienvenue à Raccoon City de Johannes Roberts
2021: The Sadness de Rob Jabbaz
2022: Les Crimes du futur de David Cronenberg
2022: Egō d’Hanna Bergholm
2022: The Lair de Neil Marshall
2023: Excroissance d’Anna Zlokovic
2023: Le Règne animal de Thomas Cailley
2023: Tiger Stripes d’Amanda Nell Eu
2023: Vincent doit mourir de Stéphan Castang
2024: Street Trash de Ryan Kruger
2025: The Gorge de Scott Derrickson