À la fin des années 70, l'univers de Marvel surgissait pour la première fois sur les petits écrans sous les traits sauvages du Titan Vert
THE INCREDIBLE HULK
1977/1982 – USA
Créée par Kenneth Johnson
Avec Bill Bixby, Lou Ferrigno, Jack Colvin, Charles Napier, Michael Santiago, Gerard McRaney, Charlie Picerni, Laurie Prange, Mark Alaimo, Walter Brooke
THEMA SUPER-HEROS I SAGA MARVEL
Si les comics Marvel ont toujours eu le vent en poupe, les premières tentatives de leur transposition « live » à l’écran furent ponctuées de faux départs, de ratages mémorables ou d’essais anecdotiques tombés depuis dans l’oubli. En ce sens, la série L’Incroyable Hulk fait figure d’exception. Tout a failli commencer au début des années 70, lorsque la comédienne Angela Bowie (épouse de David Bowie) acquiert les droits du personnage de Daredevil et de sa co-équipière Natacha Romanov, alias la Veuve Noire, en vue d’une adaptation télévisée. Mais le projet ne va pas plus loin qu’une séance photo kitschissime, au grand dam de Stan Lee. Entretemps, les super-héros télévisés connaissent une heure de gloire inespérée grâce à deux séries initiées par le téléaste Kenneth Johnson : L’Homme qui valait trois milliards et Super Jaimie. Convaincu que Johnson est l’interlocuteur idéal pour donner corps à ses créations, Stan Lee lui propose l’adaptation des aventures de Hulk, le titan vert qui lui fut inspiré par deux « héros » de la littérature fantastique classique : le docteur Jekyll et le docteur Frankenstein.
Ainsi naît le téléfilm L’Incroyable Hulk en 1977. Kenneth Johnson jette immédiatement son dévolu sur Bill Bixby pour incarner Banner, notamment grâce à sa prestation convaincante dans la série Le Magicien. Pour son penchant bestial et vert émeraude, le choix est plus compliqué. Le culturiste Arnold Schwarzenegger (encore inconnu du public) n’est pas jugé assez grand de taille, l’impressionnant Richard Kiel (futur Requin dans L’Espion qui m’aimait et Moonraker) manque de muscles, et c’est finalement Lou Ferrigno qui hérite du personnage. Sous un maquillage néanderthalien signé Normal T. Leavitt, Ferrigno prête son corps massif à Hulk et occupe l’écran avec beaucoup de panache, Johnson ayant décidé de remplacer les dialogues basiques qu’il articule maladroitement dans la bande dessinée par des grognements de bête. Autre réadaptation du matériau original : Banner n’est pas victime d’un accident mais s’expose volontairement aux rayons Gamma pour essayer d’accroitre sa force – ce qui lui aurait permis de sauver son épouse victime d’un accident de la route. Le prénom du héros a également été modifié. Robert Bruce Banner devient donc David Bruce Banner, puis directement David Banner. Le pilote connaît un succès immédiat, à tel point qu’il sort au cinéma dans toute l’Europe. Lancée au début de l’année 1978, la série doit son succès au savoir-faire indéniable de Kenneth Johnson.
Docteur Bixby et Mister Ferrigno
Non content d’avoir su trouver les deux acteurs idéaux pour personnifier le docteur Banner et son alter-ego rugissant (que beaucoup préfèrent encore aujourd’hui à leurs successeurs cinématographiques), Johnson parvient à se réapproprier la création de Stan Lee et Jack Kirby pour y apposer sa propre sensibilité, calquant la structure de chaque épisode sur celle du Fugitif et limitant – pour des raisons budgétaires – les fameuses métamorphoses à deux seulement par épisode. Du coup, la série entre dans une certaine routine sans toutefois perdre son charme et son pouvoir attractif. Les interventions régulières de Jack Colvin, dans le rôle d’un journaliste trop curieux inspiré du Javert des Misérables, et la belle partition de Joseph Harnell participent au culte que génère le programme auprès des téléspectateurs. Pour marquer le début de la seconde saison, Johnson décide de réaliser un téléfilm d’une heure et demie qui, à l’instar de celui qui inaugura la série en 1977, est exploité au cinéma en Europe. Ce sera Hulk Revient, accompagné d’un poster muant Hulk en émule de King Kong. La série s’achève en 1982 mais sera suivie par trois téléfilms tardifs – dans lesquels le charme s’est un peu dissipé, avouons-le – respectivement en 1988, 1989 et 1990.
© Gilles Penso
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