LA SECONDE GUERRE DE SÉCESSION (1997)

Un téléfilm de politique-fiction peu connu que tous les amateurs de Joe Dante doivent absolument découvrir !

THE SECOND CIVIL WAR

1997 – USA

Réalisé par Joe Dante

Avec Beau Bridges, James Earl Jones, James Coburn, Ron Perlman, Kevin Dunn, Dick Miller, Robert Picardo, Kevin McCarthy

THEMA POLITIQUE-FICTION 

Après l’échec du pourtant formidable Panic sur Florida Beach, Joe Dante décide de se tourner momentanément vers le petit écran. Il dirige ainsi en 1994 la collection Runaway Daughters, puis un épisode de la série Picture Windows, et développe la série de science-fiction The Osiris Chronicles qui ne dépassera pas hélas le stade du pilote. En 1997, Dante connaît une expérience télévisée beaucoup plus satisfaisante en dirigeant le téléfilm La Seconde Guerre de Sécession pour HBO. Muni d’un casting de haut niveau (Beau Bridges, James Earl Jones, James Coburn, Ron Perlman, Kevin Dunn) dans lequel viennent bien sûr s’insérer les membres de la « famille Dante » (Dick Miller, Robert Picardo, Kevin McCarthy, Belinda Balaski), ce long-métrage est produit par Barry Levinson et écrit par Martyn Burke. Comme pour ses précédents travaux télévisés, Dante doit faire des infidélités à son compositeur fétiche Jerry Goldsmith au profit de Hummie Mann (qui collaborait notamment avec Mel Brooks à cette époque). Il faut avouer que ce dernier s’en tire avec les honneurs et semble même parfois rendre de petits hommages au grand Jerry tout au long de sa bande originale. Le réalisateur profite surtout de ce récit de politique fiction pour composer un réjouissant plaidoyer contre le racisme, l’intolérance et la bêtise généralisée.
 

Une guerre nucléaire venant d’éclater entre l’Inde et le Pakistan, de nombreux orphelins pakistanais doivent se réfugier aux États-Unis. Or le président est un être faible incapable de prendre la moindre décision sans son conseiller en communication, tandis que le gouverneur de l’Idaho décide de fermer les frontières de son état pour empêcher ces nouveaux immigrants d’envahir le pays. Cette situation entraine un conflit interne qui s’annonce comme une véritable nouvelle guerre de Sécession, l’ensemble des événements étant retransmis par la chaine d’information Newsnet. L’humour du film est souvent grinçant, et le drame affleure parfois sous la comédie, comme en témoigne cette réplique lourde de sens prononcée en voix-off par James Earl Jones : « Parfois, le fil tendu qui sépare la paix de la guerre, la pérennité de la destruction, peut se briser à cause d’un geste, d’un mot, d’une inflexion de voix. Après toute crise majeure, on ne peut s’empêcher de regarder en arrière pour tenter d’apercevoir le moment où ce fil a été rompu sans espoir d’être renoué. » 

Un humour volontiers grinçant

Bien sûr, HBO grince des dents en voyant le montage final. Comment pourrait-il en être autrement face à un téléfilm dénonçant sans détour les stratégies fomentées par les directeurs de chaine pour maintenir leur audience à tout prix ? Car Joe Dante n’a pas son égal pour dynamiter l’establishment de l’intérieur. Impénitent garnement, il n’agit pas par ingratitude mais parce que c’est un éternel « sale gosse » rebuté par le cynisme des institutions. Très satisfait du film, le réalisateur aura la joie de le voir exploité sur grand écran dans certains pays d’Europe.
 
© Gilles Penso

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