LA PLANÈTE DES SINGES : SUPRÉMATIE (2017)

La guerre entre les hommes et les singes a éclaté, mais les plus sauvages ne sont pas toujours ceux qu'on croit…

WAR OF THE PLANET OF THE APES

2017 – USA

Réalisé par Matt Reeves

Avec Andy Serkis, Woody Harrelson, Judy Greer, Karin Konoval, Steve Zahn, Amiah Miller, Chad Rock, Ty Olsson

THEMA SINGES SAGA LA PLANETE DES SINGES

Dès les premières secondes de La Planète des Singes : Suprématie, alors qu’apparaissent les logos de la production, l’atmosphère du film s’installe. La fanfare de 20th Century Fox est reprise sur un mode tribal, les bruits de la forêt envahissent l’espace sonore, les instincts les plus primaire sont sur le point de se révéler à l’écran. La guerre annoncée par l’épisode précédent fait désormais rage entre les humains et les singes. Mais elle n’est ni emphatique, ni héroïque. Ici, les scènes de batailles cherchent la brutalité et le réalisme plutôt que l’effet spectaculaire, du moins dans la première partie du métrage. Les intentions de César, chef de la rébellion simienne, sont annoncées d’emblée : il n’a pas voulu cette guerre, déclenchée par Koba et par quelques humains belliqueux, mais il est prêt à tout pour défendre les siens. Et la tournure des événements va le pousser à un bellicisme qu’il aurait pourtant voulu éviter.

Les décors hivernaux contribuent au caractère glacial de cette guerre, tandis que la musique de Michael Giacchino continue à se laisser inspirer par Jerry Goldsmith mais aussi Igor Stravinsky. Ici et là, l’influence de plusieurs classiques du film de guerre (Apocalypse Now, La Grande Evasion, Les Sentiers de la Gloire) mais aussi de quelques épopées antiques (Ben Hur, Les Dix Commandements, Le Cid) affleure, Matt Reeves s’emparant de ces références pour en extraire l’essence nécessaire à sa dramaturgie. Les choix radicaux du film précédent (les personnages principaux sont les primates et non les humains, une grande partie des dialogues est en langage des signes) perdurent. L’antagoniste majeur est donc un homme, en l’occurrence l’impressionnant colonel McCullough incarné par Woody Harrelson, un seigneur de la guerre fanatique. Sa première confrontation avec les singes ressemble presque à une scène de Predator inversée. Car ici le chasseur a un visage humain, et c’est la « bête » qui devient proie. D’ailleurs plus le film avance, plus les singes se civilisent et plus les hommes deviennent primitifs. 

La boucle est bouclée

Par petites touches subtiles, La Planète des Singes : Suprématie se positionne comme une préquelle du film de Franklin J. Schafner. Les arcs narratifs convergent ainsi vers le classique de 1968, avec la présence de Nova et Cornélius encore enfants et la propagation du phénomène qui va pousser la race humaine à régresser vers son animalité première. La performance technique du film est tellement incroyable qu’elle finit paradoxalement par s’effacer pour ne laisser place qu’au drame et à ses enjeux, les singes n’étant jamais perçus comme des images de synthèse mais comme des personnages incarnés par des comédiens réels. Contrairement à un prologue en retenue, le final de La Planète des Singes : Suprématie est apocalyptique, presque biblique, comme s’il voulait faire définitivement table rase sur l’ancien monde et annoncer une ère nouvelle. L’ultime séquence évoque d’ailleurs le prologue de 2001 l’Odyssée de l’Espace, qui narrait justement l’éveil de la conscience chez les hommes-singes et l’aube de l’humanité.
 
© Gilles Penso

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