Qui était le jeune Norman Bates avant de devenir le tueur désaxé mis en scène par Alfred Hitchcock dans Psychose ?
Le téléfilm Bates Motel de 1987 ayant sombré dans les limbes de l’oubli sans jamais engendrer le show télévisé qu’il était censé précéder, il pouvait sembler hasardeux d’initier une nouvelle série portant le même titre. Pourtant, le scénariste Anthony Cipriano tente sa chance en 2013 en écrivant un premier épisode qui séduit les producteurs Carlton Cuse (Lost) et Kerry Ehrin (Friday Night Lights). Tous trois parviennent à convaincre Universal TV et la chaîne A&E de se lancer dans l’aventure. La série Bates Motel s’intéresse aux événements survenus plusieurs années avant le drame narré dans Psychose et fait donc office de prequel, s’enfonçant dans la brèche qu’ouvrait le téléfilm de Mick Garris Psychose 4, si ce n’est que l’intrigue ne se situe pas dans les années 50 mais à notre époque. Tout commence par la mort apparemment accidentelle de Monsieur Bates. Six mois après le drame, son épouse Norma (Vera Farmiga, vue dans Esther et The Conjuring) et son fils de 17 ans Norman (Freddie Highmore, révélé par Charlie et la Chocolaterie) quittent l’Arizona et tentent un nouveau départ. Norma a acheté un motel et une maison attenante dont tous les deux vont s’occuper.
On sent très vite une forte complicité entre Norman et sa mère. Sans doute cette dernière est-elle un peu rigide, voire parfois castratrice, avec une certaine tendance à faire culpabiliser son fils quand il n’exécute pas ses volontés ou lorsqu’il essaie de nouer des relations avec l’extérieur. Mais rien ne semble encore anormal dans cette relation fusionnelle. Toute la subtilité de la série repose justement sur la finesse du traitement de ses personnages. Les réactions impulsives et autoritaires de Norma ne s’esquissent que progressivement et finiront par se justifier à cause d’une série de traumatismes passés. Quant à Norman, il se découvre bientôt une passion – et un talent indiscutable – pour la taxidermie. Peu à peu, par petites touches subtiles, la psychose s’installe en lui. Il a des sautes d’humeur, commence à entendre ou à voir sa mère sans qu’elle soit réellement avec lui, se comporte de manière obsessive et compulsive, a parfois des absences au cours desquelles il agit sans s’en rendre compte. C’est lors de ces « blackouts » que s’effectue le transfert progressif de la personnalité de sa mère en lui. Il croit d’abord lui parler, puis finit par se prendre pour elle. Cette dernière le soupçonne bientôt de se livrer à des meurtres pendant ses absences. Comble du paradoxe, Norman est persuadé que c’est sa mère qui commet ces crimes. Mais leur amour mutuel est tellement inconditionnel que ces soupçons n’entachent pas leurs liens, au contraire. Ils s’auto-protègent jusqu’à adopter des comportements irrationnels.
La porosité entre le bien et le mal
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