LE PONT DE CASSANDRA (1976)

Un train, mille voyageurs et un homme infecté par un dangereux virus qui menace de se propager à toute vitesse…

CASSANDRA CROSSING

1976 – USA

Réalisé par George Pan Cosmatos

Avec Sophia Loren, Richard Harris, Ava Gardner, Burt Lancaster, Martin Sheen, O.J. Simpson, John Philip Law, Lesley Ann Warren

THEMA CATASTROPHES 

Dix ans avant de flatter les gros bras de Sylvester Stallone dans Rambo 2 et Cobra, George Pan Cosmatos signait cet excellent film catastrophe quelque peu atypique. Tout démarre à Genève, dans le bâtiment de l’organisation mondiale de la santé. Trois terroristes suédois s’infiltrent dans le but de faire sauter l’immeuble. Militant énergiquement contre la guerre bactériologique, ils veulent dénoncer les Etats-Unis qui cultivent là de dangereux bacilles. Deux d’entre eux sont abattus, mais le troisième parvient à s’échapper et à s’introduire clandestinement dans le Transcontinental Express qui relie Genève à Stockholm. Plus de mille voyageurs occupent ce train. Or notre homme est désormais atteint de peste pneumonique, une maladie mortelle et extrêmement contagieuse… 

Fort de ce postulat palpitant, Le Pont de Cassandra nous offre deux heures de suspense non-stop. Respectant les conventions du genre, le film nous familiarise avec une poignée de protagonistes de la haute société, incarnés de préférence par des têtes d’affiche sur le retour. Nous avons droit au colonel Steven McKenzie des services secrets de l’armée américaine (Burt Lancaster), au docteur Jonathan Chamberlain récipiendaire du prix Nobel de médecine (Richard Harris), à son ex-femme écrivain Jennifer (Sophia Loren), à l’épouse d’un trafiquant d’armes Nicole Dressler (Ava Gardner), à son amant alpiniste et chevelu affectueusement surnommé « mamour » (Martin Sheen) ou encore à un faux curé (O.J. Simpson). Lorsque le terroriste infecté se met à déambuler dans le train, côtoyant les passagers, touchant les enfants et les bébés, évoluant dans la cuisine et palpant les aliments, l’angoisse monte crescendo, annonçant les meilleurs moments des variantes ultérieures sur le genre (notamment Alerte de Wolfgang Petersen ou l’excellente saison 3 de la série 24 Heures Chrono). Bientôt, l’homme est retrouvé agonisant et sombre dans le coma. Tandis que les premiers symptômes de la contagion gagnent les passagers (grippe, frissons, fièvre), le train se dirige vers la Pologne et un hélicoptère de secours le prend en chasse, évitant in-extremis la collision. En désespoir de cause, l’armée intercepte le train à Nuremberg, scelle ses issues et y fait monter une unité médicale. Les passagers sont malmenés, fouillés, enfermés, et l’oppression monte d’un cran. 

L'apocalypse aura-t-elle lieu ?

Le but de la manœuvre est d’arrêter le convoi à Janov, au niveau du Pont de Cassandra, où est postée une unité de quarantaine et de décontamination. Mais ce fameux pont, désaffecté depuis les années 40, résistera-t-il au poids du train ? D’où l’allusion au personnage antique de Cassandre, qui prophétisait des malheurs auxquels personne ne croyait. Généreux en rebondissements, le scénario alterne les séquences d’action mouvementées et les drames à échelle humaine, le plus poignant étant probablement celui de Kaplan, le vieux juif qui s’était juré de ne plus jamais retourner en Pologne depuis la shoah et à qui ces événements rappellent d’autres sinistres trains. Le tout s’achève sur un climax apocalyptique et inoubliable, aux accents d’une partition énergique et surprenante signée Jerry Goldsmith.
 
© Gilles Penso

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