THE FACULTY (1999)

Le réalisateur d'Une Nuit en Enfer et le scénariste de Scream revisitent L'Invasion des Profanateurs de Sépultures

THE FACULTY

1999 – USA

Réalisé par Robert Rodriguez

Avec Jordana Brewster, Clea Duvall, Laura Harris, Josh Hartnett, Elijah Wood, Famke Janssen, Piper Laurie, Robert Patrick

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Après avoir gentiment pillé La Nuit des MasquesVendredi 13 et Le Bal de l’Horreur pour écrire les scénarios des trois Scream, des deux Souviens-toi l’été dernier et de Halloween 20 ans après, Kevin Williamson a décidé d’élargir un peu ses références pour éviter un essoufflement très prévisible. Cette fois-ci, ce sont donc quelques classiques de la science-fiction qui servent de base au récit. Les héros sont toujours des adolescents interprétés par des valeurs montantes du petit écran, le cadre est une nouvelle fois celui d’une université américaine, mais le tueur en série est ici remplacé par une entité extra-terrestre. Cette créature investit peu à peu le corps de tous les enseignants, avant de s’attaquer aux parents, puis aux étudiants. Les survivants, en proie à une paranoïa grandissante, organisent peu à peu la résistance face à l’envahisseur. 

Le refrain est connu, et même si Williamson cite ses sources, notamment L’Invasion des Profanateurs de Sépultures de Don Siegel (1955), la frontière entre l’hommage et le plagiat est difficile à déterminer. Les emprunts à The Thing de John Carpenter, notamment, s’étalent servilement sur des séquences entières. « Il y avait dans ce script tout ce que j’aime au cinéma », nous avoue avec enthousiasme Robert Rodriguez. « J’ai toujours été un fan de films d’horreur et de science-fiction. Faculty, c’est un mélange de Breakfast Club et de L’Invasion des Profanateurs de Sépultures. Pendant le générique de début, j’ai fait des arrêts sur image sur les personnages en écrivant leur nom à l’écran. C’était un hommage au Bon, la Brute et le Truand et à La Horde Sauvage. » (1) On le voit, difficile de parler de ce film sans en citer d’autres, tant son identité propre semble subordonnée à celle de ses aînés. Ce qui n’empêche pas Williamson de concocter quelques dialogues savoureusement cyniques, comme lorsque Stokely (Clea DuVall) déclare : « “L’Invasion des Profanateurs de Sépultures“ est une histoire que quelqu’un a inventée. Il est rangé dans la section fiction de la bibliothèque ! ». Ce à quoi Casey (Elijah Wood) rétorque : « “La Liste de Schindler“ aussi ! » 

Le jeu des influences

Ce jeu des influences se lit aussi dans le casting, notamment du côté des enseignants, chez qui on retrouve plusieurs visages familiers. Parmi eux, on note Robert Patrick (le T-1000 de Terminator 2), Famke Janssen (la méchante de Goldeneye), Piper Laurie (la mère de Carrie), Salma Hayek (reine des vampires dans Une Nuit en Enfer) et même Harry Knowles, créateur du légendaire site Internet « Ain’t it cool news », dans le rôle d’un professeur… de cinéma ! Rompu aux effets spéciaux depuis Une Nuit en Enfer, Robert Rodriguez laisse libre cours aux visions les plus fantastiques : un poisson mutant qui se hérisse d’épines et se dédouble, une tête décapitée qui se déplace sur des tentacules (merci The Thing), ou encore la « mère » de tous les extra-terrestres, un monstre géant qui suit un schéma classique établi depuis Aliens. Malgré son humour et une poignée de séquences réussies, force est donc de constater que ce patchwork science-fictionnel à la sauce sitcom tombe un peu à plat, fixant les limites de la formule établie par Williamson depuis Scream.
 
(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1999.
 
© Gilles Penso

Partagez cet article