BONE TOMAHAWK (2015)

Un western lent et contemplatif qui bascule sans préavis dans l'horreur la plus brutale et la plus extrême…

BONE TOMAHAWK

ANNEE – PAYS

Réalisé par S. Craig Zahler

Avec Kurt Russell, Patrick Wilson, Matthew Fox, Richard Jenkins, Lili Simmons, David Arquette, Sid Haig

THEMA CANNIBALES 

A mi-chemin entre le western contemplatif, le survival brutal et le film d’horreur extrême, Bone Tomahawk est une œuvre déroutante et inclassable, portée par un casting de premier ordre. S. Craig Zahler, scénariste et réalisateur du film, s’était distingué par le passé en écrivant des pièces de théâtre, des romans et le scénario du film d’horreur The IncidentBone Tomahawk s’inspire d’un roman que Zahler écrivit quelques années plus tôt, « Race of the Broken Land », dont les péripéties ont été considérablement ramenées à la baisse pour que ce premier long-métrage puisse entrer dans un budget raisonnable : 1,8 millions de dollars et un tournage de 21 jours. Nous sommes en 1850, dans la petite ville tranquille de Bright Hope, quelque part entre le Texas et le Nouveau-Mexique. Après qu’un duo de bandits (David Arquette et Sid Haig) ait osé profaner leur sanctuaire, une horde de créatures troglodytes et anthropophages, en quête de vengeance, s’introduit parmi les habitations pour kidnapper l’un des adjoints du shérif et la femme médecin de la ville. Pour tenter de sauver les captifs, le shérif (Kurt Russell), accompagné de trois hommes (Patrick Wilson, Matthew Fox, Richard Jenkins), se lance à leur poursuite. La longue traversée qu’ils entreprennent va forger leurs liens et mettre à jour leurs personnalités. Mais au bout du chemin, c’est l’horreur absolue qui les attend… 

Le film part sous les meilleurs auspices, grâce à ses personnages attachants campés par d’excellents comédiens, mais le voyage initiatique attendu se mue en promenade répétitive, besogneuse et interminable. Car il ne se passe pratiquement rien pendant une heure et demi de métrage, et la patience du spectateur y est mise à très rude épreuve. D’autant que soudain, à vingt minutes de la fin, le film opère un virage à 180° pour basculer dans une violence qui ferait presque passer Cannibal Holocaust pour un épisode de Dora l’exploratrice. L’horreur y est crue, inattendue et très explicite. « J’ai grandi en regardant des films d’horreur et j’ai l’habitude des scènes extrêmes », nous confie le réalisateur. « Pour réussir à me choquer, il faut aller très loin. C’est ce que j’ai essayé de faire. » (1) 

La moustache de Kurt Russell

Le film nous laisse forcément une impression mitigée, tant les intentions de son réalisateur nous échappent… Trop lent, trop contemplatif, Bone Tomahawk noie ainsi une poignée d’excellentes séquences dans un océan d’ennui qui viendra sans doute à bout de la patience de bien des spectateurs. Mais le talent de Zahler est indéniable et sa carrière est à suivre de très près. Pour l’anecdote, si Kurt Russell arbore ici le même look que dans Les Huit Salopards de Quentin Tarantino, ce n’est pas totalement le fruit du hasard. « Dans le scénario, je décris le personnage avec une barbe bien taillée, parce que je voulais avoir une adéquation entre son caractère très strict et son apparence physique », explique Zahler. « Mais Kurt était en train de tourner Les Huit Salopards, avec cette énorme paire de moustaches, et il était très à l’aise avec cet attribut physique. Les deux tournages ont quasiment eu lieu simultanément. Du coup, le look qu’il a dans Bone Tomahawk est un juste milieu entre celui que j’avais en tête et celui qu’il a dans chez Tarantino. » (2)
 
(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en mars 2016
 
© Gilles Penso

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