UNIVERSAL SOLDIER (1992)

Jean-Claude Van Damme et Dolph Lundgren s'affrontent dans un remix de Terminator et Robocop signé Roland Emmerich

UNIVERSAL SOLDIER

1992 – USA

Réalisé par Roland Emmerich

Avec Jean-Claude Van DammeDolph LundgrenAlly Walker, Ed O’Ross, Jerry Orbach, Leon Rippy, Tico Wells, Ralf Moeller

THEMA ROBOTS 

Il ne fallut pas se creuser les méninges trop longtemps pour imaginer que Dolph Lungren incarnerait à merveille un cyborg destructeur aussi déterminé que le Arnold Schwarzenegger de Terminator, dans la mesure où Sylvester Stallone l’avait déjà mué en machine à tuer glaciale dans Rocky IV sept ans plus tôt. Quant à Jean-Claude Van Damme, coqueluche des amateurs d’arts martiaux et de séries B musclées, il semblait pouvoir incarner à merveille son adversaire, à l’occasion d’un coup publicitaire qui allait beaucoup faire parler du film. Universal Soldier est dirigé avec efficacité – mais sans la moindre subtilité – par un Roland Emmerich alors en début de carrière, tout juste signataire du space opera Moon 44. Emmerich vient à vrai dire à la rescousse d’un projet qui, après un an de développement et un premier réalisateur (Andrew Davis, futur signataire du formidable Le Fugitif), menaçait de ne jamais se concrétiser faute d’un budget suffisamment raisonnable. Si l’influence majeure du réalisateur allemand a toujours été le cinéma de Steven Spielberg (ce que prouveront notamment StargateIndependence Day et Godzilla), l’inspiration d’Universal Soldier vient d’ailleurs. Les succès respectifs de Terminator et Robocop sont en effet à l’origine du projet, qui s’efforce du coup d’en retrouver les composantes principales. Et même si le film date du début des années 90, sa patine, sa mise en scène, sa musique et sa photographie fleurent bon les eighties. 

Avec un budget de 23 millions de dollars, Emmerich – flanqué de son fidèle co-scénariste Dean Devlin – décrit un projet gouvernemental un peu fou consistant à ramener à la vie des cadavres de soldats morts au combat pour les muer en soldats parfaits, dénués d’émotions, beaucoup plus résistants et puissants que les fantassins humains. « Par accélération des molécules, on s’est rendu compte qu’on pouvait transformer la chair morte en matière vivante » entend-on dans l’un des nombreux dialogues improbables du film. Mais deux grains de sel mettent à mal cette expérience. Le premier est Luc Deveraux (Van Damme) qui a conservé des sentiments humains et des états d’âme. Le second est Andrew Scott (Lundgren), qui s’est mué en assassin psychopathe. Tous deux s’étaient entretués pendant la guerre du Vietnam en 1969. Aujourd’hui, près de vingt-cinq ans plus tard, ils reprennent leur affrontement sous les yeux d’une journaliste (Ally Walker) qui prend part malgré elle au titanesque duel.

Testostérone cybernétique

Le film adopte bien vite la structure d’un road movie mouvementé, avec comme point d’orgue une poursuite vertigineuse dans un canyon, ce qui permet à Emmerich de payer malgré tout son tribut à Steven Spielberg au cours d’un climax sous l’influence manifeste de Duel. Van Damme s’implique tant dans le film qu’il demande à son propre fils de l’incarner enfant dans les flash-backs et qu’il accepte de reprendre son personnage pour trois séquelles sorties successivement en 1999, 2009 et 2012 (alors qu’il avait refusé jusqu’alors de se prêter au jeu de la franchise en tournant le dos à d’éventuelles suites de ses succès précédents). Pour Emmerich, ce sera le starting block d’une carrière placée sous le signe de la folie des grandeurs, pour le meilleur et – hélas bien souvent – le pire. 

 

© Gilles Penso

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