Une fausse suite des Marais de la Haine dans laquelle une jeune femme se révolte contre des hordes de rednecks psychopathes
GATORBAIT 2 : CAJUN JUSTICE
1988 – USA
Réalisé par Ferd et Beverly Sebastian
Avec Jan MacKenzie, Tray Loren, Paul Muzzcat, Brad Koepenick, Jerry Armstrong, Ben Sebastian, Reyn Hubbard
THEMA TUEURS
Le survival Les Marais de la Haine ayant connu un certain succès en salles et un véritable triomphe en vidéo, Paramount Vidéo commanda au couple Ferd et Beverly Sebastian une séquelle plusieurs années plus tard, destinée directement au marché de la cassette. Même s’il s’agit d’une suite directe, censée se situer dix ans après les évènements décrits dans le film précédent, la continuité narrative entre Les Marais de la Haine et La Vengeance de la Femme au Serpent est mise à mal par un certain nombre d’incohérences, les moindres n’étant pas la disparition pure et simple du mutisme de Big T. (le jeune garçon du premier film devenu ici adulte) et la résurrection miraculeuse de Leroy, le « bad guy » du premier ‘Gator Bait qui mourait pourtant bel et bien à la fin du premier opus. Nous le retrouvons ici en pleine forme, l’acteur Douglas Dirkson ayant cédé le pas à un Paul Muzzcat très modérément convaincant, préférant au regard fou de son prédécesseur un cabotinage excessif et une voix haut perchée à l’accent du sud pas toujours crédible.
Le racisme des « rednecks » vis-à-vis de la communauté cadienne est plus que jamais mis en avant dans ce second volet, attisant une atmosphère tendue qui va s’envenimer jusqu’au point de non retour. Big T. a donc grandi et épouse une jolie fille de la ville, Angélique, à qui il fait découvrir les joies simples de la vie dans les bayous de Louisiane. Mais le sinistre Leroy et sa bande de malfrats édentés et attardés voient d’un mauvais œil ce bonheur naissant. Surgissant comme des bêtes sauvages dans le nid d’amour des jeunes mariés, ils laissent Big T. pour mort et s’apprêtent à faire subir à Angélique les derniers outrages… Les Sebastian aimant travailler en famille, ils demandent à leur fils de reprendre le rôle de Big T. et confient celui d’Angélique à Jan MacKenzie, autrement dit leur belle fille. Quant à Claudia Jennings, héroïne des Marais de la Haine, elle est hélas morte dans un accident de voiture quelques années plus tôt, ce qui explique la disparition de son personnage.
Une horreur triviale et banalisée
Si Les Marais de la Haine s’écartait en partie de la mécanique très codifiée des « Rape and Revenge » (ce fameux sous-genre du cinéma d’exploitation dans lequel une femme violée prend une sanglante revanche), cette séquelle s’y soumet pleinement, nous rappelant qu’entre-temps le très marquant I Spit on your grave est passé par là. Le début du film adopte un style presque documentaire, via ce mariage cajun plus vrai que nature tourné avec des autochtones se prêtant bénévolement au jeu. Les scènes de la vie quotidienne des jeunes mariés sont empreintes d’un certain naturalisme et l’agression sexuelle multiple dont est victime Angélique choque par son approche anti-dramatique, crue et réaliste, loin de tout sensationnalisme. C’est une horreur triviale, banalisée. Mais cette quête de crédibilité s’évapore par la suite, l’ingénue se muant en chasseuse émérite et l’action attendue (poursuites en bateaux, chassés croisés dans les bois, morts violentes) emboîtant servilement le pas du film précédent jusqu’à un final qui s’y conforme presque plan par plan. Ainsi se clôt un diptyque pour le moins atypique.
© Gilles Penso
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