Malgré sa conjonction de talents, cette adaptation de la célèbre série Les Mystères de l'Ouest est totalement hors-sujet
WILD WILD WEST
1999 – USA
Réalisé par Barry Sonnenfeld
Avec Will Smith, Kevin Kline, Kenneth Branagh, Salma Hayek, M. Emmet Walsh, Ted Levine, Frederique Van Der Wal
Chapeau Melon et Bottes de Cuir, Des Agents très Spéciaux, Mission : Impossible, Destination Danger… Les années 60 regorgèrent de séries d’espionnage souvent influencées par la popularité de James Bond. Diffusés entre 1965 et 1969, Les Mystères de l’Ouest se distinguaient du lot par l’originalité de leur concept. Mixage hors norme de western, d’espionnage, de science-fiction et de fantastique, cette série conçue par Michael Garrison était dominée par son extraordinaire duo d’agents secrets incarnés par Robert Conrad et Ross Martin. Il était inévitable qu’Hollywood en tente tôt ou tard une transposition sur grand écran, d’où ce Wild Wild West qui coûta plus de 150 millions de dollars à la Warner.
L’idée de départ n’a pas changé : nous sommes en 1870 et le maléfique docteur Loveless décide d’assassiner le président des Etats-Unis Ulysse Grant grâce à ses machines diaboliques. Seuls deux hommes peuvent le neutraliser, tous deux agents du gouvernement : James West, un as de la gâchette, et Artemus Gordon, un roi du déguisement… Cette relecture du mythe n’a pas fait l’unanimité, c’est le moins qu’on puisse dire. Le scénario fourre-tout accumule les séquences spectaculaires sans se préoccuper d’une quelconque construction dramatique, l’humour au ras des pâquerettes volette de préférence en dessous de la ceinture, la musique timorée d’Elmer Bernstein reprend sans risque les accents de celle des Sept Mercenaires au lieu de tenter des variantes sur le génial thème de Richard Markowitz. Quant au casting, il ressemble à une mauvaise blague : en quoi est-il judicieux de faire interpréter le cow-boy James West à Will Smith et le nain Miguelito Loveless à Kenneth Branagh ? On sent bien que les comédiens prennent là du bon temps, mais leur bonne humeur n’est guère communicative et leur cabotinage excède rapidement… On ne s’étonne donc guère que Robert Conrad, contacté par la production pour faire une apparition dans le rôle d’Ulysse Grant, ait décliné l’offre en découvrant l’ineptie du scénario.
Robert Conrad refuse de s'impliquer
En revanche, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas admirer la splendide direction artistique du film, qui explore avec beaucoup d’ingéniosité un rétro-futurisme à la Jules Verne directement hérité de la littérature steampunk initiée dans les années 70. Les fantasticophiles ont gardé en mémoire le Nautilus dentelé de 20 000 Lieues sous les Mers, la sphère volante des Premiers Hommes dans la Lune, le vaisseau Cygnus du Trou Noir, la locomotive volante de Retour vers le Futur 3 ou encore la ville portuaire de La Cité des Enfants Perdus. Désormais, il faut y ajouter l’arsenal du docteur Loveless et les folles inventions d’Artemus Gordon. L’une des machines les plus marquantes du film est l’araignée robot de Loveless, haute de 25 mètres et bardée de rivets (imposée par le producteur Jon Peter, frustré de ne pas avoir d’araignée géante dans son projet avorté Superman Lives !). C’est sur ce robot titanesque que West affronte une série d’hommes de mains, puis Loveless lui-même, transformé au cours du climax en variante du docteur Octopus grâce à ses quatre jambes télescopiques. Dommage qu’autant d’ingéniosité technique et artistique n’ait pas été mise au service d’un film plus abouti et mieux construit, fruit pourtant de la collaboration conjointe de six scénaristes officiels !
© Gilles Penso
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