LE RETOUR DE CHUCKY (2017)

Le septième opus de la saga Chucky joue la carte du huis-clos en multipliant les massacres dans un institut psychiatrique

CULT OF CHUCKY

2017 – USA

Réalisé par Don Mancini

Avec Fiona Dourif, Alex Vincent, Jennifer Tilly, Michael Therriault et la voix de Brad Dourif

THEMA JOUETS I SAGA CHUCKY

Scénariste débutant à l’époque de Jeu d’Enfant (dont le script fut largement réécrit par Tom Holland), Don Mancini s’est érigé depuis Le Fils de Chucky en « autorité suprême » de la saga de la poupée tueuse, ne laissant plus personne que lui écrire ou réaliser les épisodes de la franchise. Quatre ans après une Malédiction de Chucky ayant laissé aux spectateurs un sentiment un peu mitigé, Mancini redonne la vedette au personnage de Mica (Fiona Dourif, dont les traits ressemblent de plus en plus à ceux de son père le comédien Brad Dourif). Accusée de tous les meurtres de Chucky, diagnostiquée schizophrène, elle a été internée dans une institution psychiatrique. Selon les médecins, la poupée vivante n’est qu’une hallucination permettant à la jeune femme de se déresponsabiliser de ses actes meurtriers. Après quatre ans, on estime qu’elle a fait
suffisamment de progrès pour être transférée dans un centre de sécurité moyenne. 

Jennifer Tilly, qui jouait le rôle de Tiffany dans La Fiancée de Chucky puis son propre rôle dans Le Fils de Chuckyhérite ici d’un troisième personnage : Madame Valentine, tutrice de la nièce de Nica. Ce triple rôle successif est un peu déstabilisant, et Mancini croit bon de cligner de l’œil à l’attention du spectateur avec une réplique directement adressée à la comédienne : « on vous a déjà dit que vous ressembliez à Jennifer Tilly ? » L’intrigue démarre vraiment lorsque deux poupées Chucky viennent prendre place dans l’établissement. L’une est utilisée par le psychiatre pour la thérapie de Nica, l’autre est apportée par Madame Valentine. Quand les meurtres recommencent, la confusion devient totale. Car ici, Chucky semble capable d’habiter plusieurs corps en même temps, qu’ils soient en plastique ou en chair vivante. 

Deux poupées pour le prix d'une

Les rebondissements n’ont bientôt plus aucun sens et les nouveaux pouvoirs démoniaques de la poupée sanglante entrent en totale contradiction avec le concept initialement établi en 1988. Le film cherche pourtant à retourner aux sources en convoquant Alex Vincent, qui jouait Andy dans Jeu d’Enfant et qui reprend son rôle à l’âge adulte en ne reculant devant aucun excès archétypal. Son personnage vit en effet reclus dans une cabane truffée d’armes et garde dans un coffre fort la tête défigurée – et encore vivante – de Chucky. Signés Tony Gardner, les effets spéciaux de maquillage jouent la carte du gore excessif, notamment lors des nombreuses mises à mort de ce nouveau Chucky doué d’ubiquité. La mise en scène, de son côté, hésite entre plusieurs styles, se laissant tour à tour influencer par Brian de Palma (la séquence de suspense en split-screen), Dario Argento (la vitre brisée d’un plafond qui décapite une victime façon Suspiria) et Alfred Hitchcock (la découverte d’un cadavre ensanglanté à la manière des Oiseaux), tandis que le compositeur Joseph LoDuca rend hommage à Bernard Herrman (et notamment à Psychose) pendant le générique. Maladroit, poussif, absurde, Le Retour de Chucky continue donc de déprécier une franchise n’ayant connu finalement que deux véritables éclats : Jeu d’Enfant et La Fiancée de Chucky.
 
© Gilles Penso

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