Dennis Quaid et un sympathique dragon qui parle avec la voix de Sean Connery affrontent un prince maléfique
DRAGONHEART
1996 – USA
Réalisé par Rob Cohen
Avec Dennis Quaid, David Thewlis, Pete Postlethwaite, Dina Meyer, Jason Isaacs, et la voix de Sean Connery
THEMA HEROIC FANTASY I DRAGONS
Imaginée par l’étudiant en cinéma Patrick Reed Johnson en 1989, l’histoire de Cœur de Dragon prend place au sein de l’Angleterre médiévale, où le preux Bowen (Dennis Quaid) enseigne au jeune prince Einon (Lee Oakes) l’art de la chevalerie. Mais au cours d’une bataille, Einon est mortellement blessé, et c’est l’intervention de Draco, dragon sage et vénérable, qui le sauve, en n’hésitant pas à lui donner la moitié de son cœur. Hélas, Einon, en grandissant, développe une nature maléfique qui le mue bientôt en tyran impitoyable. Il prend dès lors les traits du comédien David Thewlis. Persuadé que Draco est en cause, Bowen décide de débarrasser la terre de tous les dragons qui la peuplent. Il y parvient presque, mais Draco lui échappe, et leur longue confrontation lui fait comprendre que la méchanceté d’Einon n’est due qu’à sa nature propre, et pas à la moitié de cœur dont le dragon l’a généreusement doté. Bowen et Draco sympathisent peu à peu, et s’allient bientôt pour faire cesser les sanglants agissements de celui qui fut leur protégé…
Le réalisateur Rob Cohen, auteur d’une biographie de Bruce Lee (baptisée Dragon, ça ne s’invente pas !), avouait n’avoir jamais eu affaire jusqu’alors à des effets spéciaux, en dehors de quelques fondus enchaînés. Il s’en est donc remis aux génies d’ILM, lesquels confièrent le look du héros reptilien au talentueux Phil Tippett, celui qui avait donné vie au Dragon du Lac de Feu et au monstre bicéphale de Willow. « Nous avons imaginé un dragon plus proche de l’imagerie asiatique qu’européenne », nous raconte Tippett. « C’est pour cette raison qu’il est moins reptilien et moins effrayant que celui du Dragon du Lac de Feu par exemple. Il a des attitudes plutôt félines, et son museau s’inspirait à la fois de la bouche d’un gorille et de celle d’un homme, étant donné que cette créature parlait tout au long du film. » (1) Même si au final Draco sent encore un peu l’image de synthèse, dans sa texture, ses mouvements et ses yeux, et même si son design hybride n’est pas toujours très convainquant, nous sommes là dans le domaine de la 3D hyper-réaliste. Un comble lorsqu’il s’agit de visualiser un être aussi peu réaliste qu’un dragon cracheur de feu, voltigeant et déclamant ses répliques avec la voix de Sean Connery !
Entre le conte léger et la tragédie classique
Quelques images, comme Draco protégeant sous son aile Bowen par une nuit pluvieuse, ou surgissant en ombre chinoise dans le ciel rouge du crépuscule, sont de toute beauté. La partition de Randy Edelman nous gratifie en prime d’envolées lyriques du plus bel effet (elle sera ensuite réutilisée à outrance dans moult bandes-annonces hollywoodiennes). Le scénario, lui, n’est pas toujours à l’avenant, piétinant quelque peu, souffrant d’une carence de souffle épique et semblant hésiter entre le conte léger et la tragédie classique, sans réussir par là même à trouver un public. Dommage, car Quaid et Thewlis sont excellents, comme à leur habitude, et les séquences où Bowen feint de tuer Draco pour empocher les récompenses sont plutôt savoureuses. Le film de Rob Cohen sera suivi quatre ans après sa sortie d’une séquelle directement conçue pour la vidéo, Cœur de Dragon, un nouveau départ, avec un casting différent et Doug Lefler derrière la caméra.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998.
© Gilles Penso
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